Type de document : article scientifique disponible avant publication dans Animal
Auteurs : L. Lanzoni, M.C. Reeves, K. Waxenberg, R. Ramsey, A.S. Atzori, J. Bell, R.M. Rees, G. Vignola, C.M. Dwyer
Résumé en français (traduction) : Le coût carbone de l’altération du bien-être dans les élevages ovins
Face aux menaces climatiques mondiales, les décisions relatives à la gestion des exploitations agricoles et des terres doivent concilier les préoccupations climatiques avec la rentabilité, le bien-être des animaux et la santé des écosystèmes. Cependant, peu d’études approfondies ont quantifié la relation entre le bien-être animal et les émissions de gaz à effet de serre (GES), et aucune étude ne se concentre spécifiquement sur les élevages ovins. La présente étude vise à quantifier les effets de l’altération du bien-être sur les émissions de gaz à effet de serre pour les problèmes de bien-être courants rencontrés dans les systèmes d’élevage de moutons de plaine (L) et de montagne (H) au Royaume-Uni. Deux stations de recherche en Écosse, représentatives de conditions de bien-être élevées, ont été utilisées comme référence pour les systèmes semi-intensifs en plaine et extensifs en montagne. Dans cette étude, les « conditions de bien-être élevé » sont définies comme des situations où les animaux ont accès à une alimentation adéquate, à un logement adapté, à une bonne santé et à des possibilités d’exprimer des comportements naturels. À partir de chaque scénario de base de bien-être élevé, des scénarios représentant des niveaux courants de dégradation des conditions de bien-être ont été modélisés, en utilisant des paramètres tirés de la littérature publiée. Les scénarios de mauvais bien-être sélectionnés comprenaient les boiteries, les nématodes gastro-intestinaux (NGI), les attaques de mouches, la douve du foie, la fourniture d’abris inadéquats, l’alimentation inadéquate pendant la croissance des agneaux et la fin de la gestation, et un taux élevé de mortalité des agneaux. Les émissions de GES ont été estimées « du berceau à la ferme » à l’aide d’Agrecalc ©, un outil d’analyse du cycle de vie (ACV) pour le secteur agricole. Les émissions totales de GES et les intensités d’émission (IE) en kg d’équivalent CO2 (CO2eq) par kg de poids vif ont été comparées entre le scénario de référence et les scénarios. Les émissions brutes des exploitations et les IE au niveau des produits ont montré des tendances divergentes en réponse à la dégradation du bien-être. La plupart des scénarios de dégradation du bien-être ont entraîné une légère diminution des émissions totales de l’exploitation (0,03-3 %), à quelques exceptions près. En revanche, l’IE a augmenté dans tous les scénarios de dégradation du bien-être par rapport à la situation de référence, car la production de viande a diminué de 1,3 à 16,6 % dans tous les scénarios de dégradation du bien-être, ce qui a réduit l’efficacité de l’utilisation des ressources. La boiterie a été identifiée comme ayant un impact particulièrement important, entraînant une augmentation de 18 % et 10 % de l’IE dans les exploitations H et L, respectivement. Cela s’explique principalement par la mortalité élevée des agneaux associée à la boiterie dans les études publiées. La fourniture d’abris inadéquats a été associée à une augmentation de 8 à 15 % de l’IE. Les scénarios liés à un contrôle inefficace des parasites ont contribué à une augmentation de l’IE allant de 1 à 13 %, tandis qu’une gestion inadéquate de l’alimentation a entraîné une augmentation de l’IE de 3 à 4 %. Cette étude met en évidence le potentiel de réduction de l’intensité des émissions par des interventions spécifiques au système, soulignant l’importance d’intégrer le bien-être animal dans les stratégies d’atténuation des gaz à effet de serre.
Résumé en anglais (original) : In the face of global climate threats, farm and land-management decisions must balance climate concerns with profitability, animal welfare, and ecosystem health. However, few comprehensive studies have quantified the relationship between animal welfare and greenhouse gas (GHG) emissions, and no study focuses specifically on sheep farms. The present study aims to quantify effects of impaired welfare on GHG emissions for common welfare challenges faced in UK lowland (L) and hill (H) sheep farming systems. Two case study research farms in Scotland, representative of high welfare conditions, were used as baselines for semi-intensive L and extensive H systems. In this study, “high welfare conditions” are defined as situations where animals have access to adequate feeding, suitable housing, good health, and opportunities to express natural behaviours. From each high-welfare baseline, scenarios representing common levels of impaired welfare conditions were modelled, using parameters retrieved from the published literature. The selected poor-welfare scenarios included lameness, gastrointestinal nematodes (GIN), blowfly strike, liver fluke, inadequate shelter provision, inadequate feeding during lamb growth and late gestation, and high lamb mortality rate. GHG emissions were estimated “from-cradle-to-farm-gate” using Agrecalc ©, a Life Cycle Assessment (LCA) tool for the agricultural sector. Total GHG emissions and emission intensities (EI) in kg of CO2 equivalent (CO2eq) per kg live weight (LW) were compared across the baseline and the scenarios. Gross farm emissions and product-level EIs demonstrated divergent patterns in response to impaired welfare. Most impaired welfare scenarios led to a slight decrease in total farm emissions (0.03-3%), with a few exceptions. On the other hand, EI increased across all impaired welfare scenarios relative to the baseline, because meat production decreased by 1.3-16.6% across all impaired welfare scenarios, reducing resource use efficiency. Lameness was identified as particularly impactful, resulting in 18% and 10% increases in EI on H and L farms, respectively. This was primarily due to the high lamb mortality associated with lameness in published studies. Inadequate shelter provision was associated with an 8-15% increase in EI. Scenarios related to ineffective parasite control contributed to an EI increase ranging from 1 to 13%, while inadequate feeding management caused a 3-4% increase in EI. This study highlights the potential for reducing emission intensity through system-specific interventions, emphasizing the importance of integrating animal welfare into GHG mitigation strategies.