Type de document : article de The Conversation
Auteur : Frédéric Keck
Extrait : Si le président de la République n’a pas employé le terme de confinement lors de ses discours à la nation des 12 et 16 mars, alors que les ministres de la Santé et de l’Intérieur l’ont largement utilisé, c’est peut-être parce que ce terme a jusque-là été utilisé en France pour les populations animales.
Lorsque la grippe aviaire est arrivée en Europe en 2005, les élevages de volailles soupçonnés d’être contaminés par le virus H5N1 ou exposés aux oiseaux sauvages qui en étaient porteurs ont été « confinés », c’est-à-dire qu’un périmètre a été défini dans lequel tout mouvement était interdit pendant plusieurs mois. L’ethnologue Vanessa Manceron a étudié de l’intérieur la violence que ce confinement a imposé aux éleveurs qui se retrouvaient enfermés avec leurs animaux et stigmatisés comme des pestiférés.
Plus généralement, l’élevage industriel a conduit depuis une quarantaine d’années à confiner les animaux dans des bâtiments fermés où leur standardisation génétique pour des raisons de rentabilité économique les expose à des flambées de maladies infectieuses. Les normes de bien-être sont alors difficiles à appliquer, en offrant seulement aux animaux la possibilité de sortir quelques heures du bâtiment où ils sont confinés.