Type de document : revue scientifique publiée dans le Journal of Dairy Science
Auteurs : Cassandra B. Tucker, Margit Bak Jensen, Anne Marie de Passillé, Laura Hänninen, Jeffrey Rushen
Résumé en français (traduction) : Un temps de couchage suffisant est souvent considéré comme un aspect important du bien-être des vaches laitières. Nous examinons ce que l’on sait sur la motivation des vaches à se coucher et les conséquences pour la santé et d’autres indicateurs de la fonction biologique lorsque ce comportement est emp^ché. Nous passons en revue les facteurs environnementaux et animaux qui influent sur le temps de couchage dans le contexte du bien-être des animaux. Notre objectif est de passer en revue les recherches sur le temps que les vaches laitières passent couchées et d’examiner de manière critique les preuves du lien avec le bien-être des animaux. Les vaches peuvent être très motivées à se coucher. Elles montrent un comportement de repos après des périodes de station debout forcée et sacrifient d’autres activités, telles que l’alimentation, pour se coucher pendant une durée suffisante. Elles s’efforceront à se coucher, en poussant des leviers ou des portes lestées, et montreront des signes possibles de frustration lorsque leur comportement de couchage est contrarié. Certaines données suggèrent que le risque de boiterie est accru dans les environnements qui offrent des conditions défavorables pour que les vaches se couchent et où les vaches sont obligées de se lever. La boiterie elle-même peut entraîner des périodes de couchage plus longues, tandis que les mammites les réduisent. Des facteurs liés aux vaches, tels que l’état reproducteur, l’âge et la production laitière, influencent la durée du couchage, mais les implications de ces différences sur le bien-être sont inconnues. Des temps de repos plus courts sont signalés dans les systèmes basés sur les pâturages, les terrains secs et les litières (9 h/j) par rapport aux logettes et aux stabulations libres (10 à 12 h/j) dans le cadre d’une recherche inter-exploitation. Les conditions défavorables, notamment le nombre insuffisant de stalles de couchage par rapport au nombre de vaches, les surfaces de couchage dures ou humides, une litière inadéquate, des stalles trop petites ou mal conçues, la chaleur et la pluie sont autant de facteurs qui réduisent le temps de couchage. Les contraintes de temps, telles que l’alimentation ou la traite, peuvent influencer le temps de repos. Toutefois, il est nécessaire d’obtenir davantage d’informations sur les implications des facteurs médiateurs tels que l’effet de la surface de repos (béton, pâturage ou autres surfaces) et le comportement des vaches en position debout (par exemple, être immobile, marcher, paître) pour comprendre l’effet des temps de repos réduits sur le bien-être des animaux. De nombreux facteurs contribuent à la difficulté de trouver un seuil valable pour le temps de repos quotidien à utiliser dans l’évaluation du bien-être des animaux. Bien que des temps de repos plus élevés correspondent souvent au confort des vaches et que des temps de repos plus faibles soient observés dans des conditions défavorables, des exceptions se produisent, notamment lorsque les vaches se couchent plus longtemps en raison d’une maladie ou lorsqu’elles passent plus de temps debout en raison de l’œstrus ou de la parturition, ou pour adopter d’autres comportements. En conclusion, le comportement de couchage est important pour le cheptel laitier, mais la prudence et une compréhension complète du contexte et du caractère des animaux en question sont nécessaires avant de tirer des conclusions définitives sur le bien-être des animaux à partir des mesures du temps de couchage.
Résumé en anglais (original): Adequate time lying down is often considered an important aspect of dairy cow welfare. We examine what is known about cows’ motivation to lie down and the consequences for health and other indicators of biological function when this behavior is thwarted. We review the environmental and animal-based factors that affect lying time in the context of animal welfare. Our objective is to review the research into the time that dairy cows spend lying down and to critically examine the evidence for the link with animal welfare. Cows can be highly motivated to lie down. They show rebound lying behavior after periods of forced standing and will sacrifice other activities, such as feeding, to lie down for an adequate amount of time. They will work, by pushing levers or weighted gates, to lie down and show possible indicators of frustration when lying behavior is thwarted. Some evidence suggests that risk of lameness is increased in environments that provide unfavorable conditions for cows to lie down and where cows are forced to stand. Lameness itself can result in longer lying times, whereas mastitis reduces it. Cow-based factors such as reproductive status, age, and milk production influence lying time, but the welfare implications of these differences are unknown. Lower lying times are reported in pasture-based systems, dry lots, and bedded packs (9 h/d) compared with tiestalls and freestalls (10 to 12 h/d) in cross-farm research. Unfavorable conditions, including too few lying stalls for the number of cows, hard or wet lying surfaces, inadequate bedding, stalls that are too small or poorly designed, heat, and rain all reduce lying time. Time constraints, such as feeding or milking, can influence lying time. However, more information is needed about the implications of mediating factors such as the effect of the standing surface (concrete, pasture, or other surfaces) and cow behavior while standing (e.g., being restrained, walking, grazing) to understand the effect of low lying times on animal welfare. Many factors contribute to the difficulty of finding a valid threshold for daily lying time to use in the assessment of animal welfare. Although higher lying times often correspond with cow comfort, and lower lying times are seen in unfavorable conditions, exceptions occur, namely when cows lie down for longer because of disease or when they spend more time standing because of estrus or parturition, or to engage in other behaviors. In conclusion, lying behavior is important to dairy cattle, but caution and a full understanding of the context and the character of the animals in question is needed before drawing firm conclusions about animal welfare from measures of lying time.