Type de document : Article publié dans Le Monde
Auteur : Mathilde Gérard
Extrait : La résolution adoptée jeudi à une très large majorité fait suite à une initiative citoyenne qui avait recueilli 1,4 million de signatures. La Commission européenne doit se prononcer d’ici quelques semaines.
A une écrasante majorité, les eurodéputés ont voté, jeudi 10 juin, par 558 voix pour, 37 contre et 85 abstentions, une résolution prévoyant une interdiction progressive des cages dans les élevages. Le délai est fixé à 2027 dans le texte, avec une formulation qui ouvre néanmoins la voie à des ajustements possibles de calendrier. Le texte, non contraignant, avait d’emblée reçu, en ouverture de séance, le soutien de la commissaire européenne à la santé, Stella Kyriakides, pour qui améliorer le bien-être animal « est un impératif moral, sanitaire et économique ».
Le projet de résolution avait été déposé au nom de la commission agriculture du Parlement. Il faisait suite à une initiative citoyenne européenne (ICE), lancée par l’association Compassion in World Farming (CIWF), qui a recueilli près de 1,4 million de signatures en Europe entre 2018 et 2019, et demandait de mettre fin à « l’ère des cages ».
« La question n’est pas de savoir si les objectifs [de cette ICE] doivent être atteints, mais comment l’Union européenne peut parvenir à sortir progressivement des cages les espèces animales, a insisté Mme Kyriakides jeudi matin. Nos règles doivent changer et c’est un appel très clair de nos concitoyens. » La réponse formelle de la Commission européenne à cette ICE est attendue avant mi-juillet. Si des évolutions réglementaires sont proposées, elles donneront lieu à des négociations entre institutions et Etats membres.
Chaque année, environ 300 millions d’animaux de rente (poules, lapins, cochons, veaux, canards…), soit les animaux dont la garde a pour objectif la vente de produits, sont élevés dans des cages individuelles en Europe. Si certaines filières ont enclenché une transition vers des modes d’élevage alternatifs, elle se fait à un rythme très inégal.
En France, 36 % des poules pondeuses étaient en cage en 2020 (contre 69 % cinq ans auparavant), grâce à un mouvement notamment lancé sous la pression des associations et des consommateurs, mieux informés grâce à l’étiquetage. Mais d’autres filières recourent encore très majoritairement aux cages, comme les élevages de lapins – à 85 % en cage en Europe –, ou les élevages porcins – où les truies sont massivement gardées dans des cases individuelles de gestation et de mise bas une partie de l’année. […]
Par un amendement surprise, les députés européens ont également demandé à la Commission de formuler des propositions en vue d’interdire le gavage des oies et canards pour la production de foie gras. La proposition, qui était défendue notamment par la gauche radicale et par les Verts, a été adoptée par 319 voix contre 251 (et 108 abstentions). Passée inaperçue lors des débats parlementaires, jeudi, elle devrait toutefois rencontrer de vives résistances, tant certains responsables politiques voient dans cette pratique une tradition quasi identitaire.
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