Type de document : Revue scientifique publiée dans Animal Cognition.
Auteurs : Plotine Jardat, Léa Lansade
Résumé en français (traduction) : Cognition et relation homme-animal : Une revue des aptitudes socio-cognitives des mammifères domestiques envers les humains
Au cours des 20 dernières années, les recherches portant sur les aptitudes socio-cognitives interspécifiques des animaux envers les humains se sont multipliées, ce qui a permis de mieux comprendre les interactions entre les humains et les animaux. Cette revue se concentre sur cinq capacités socio-cognitives des mammifères domestiques en relation avec les humains, à savoir : la discrimination et la reconnaissance des individus humains ; la perception des émotions humaines ; l’interprétation de nos états attentionnels et de nos objectifs ; l’utilisation de la communication référentielle (percevoir des signaux humains ou envoyer des signaux aux humains) ; et l’engagement dans l’apprentissage social avec les humains (par exemple, l’amélioration locale, la démonstration et la référence sociale). Nous nous sommes concentrés sur différentes espèces de mammifères domestiques pour lesquelles la littérature sur le sujet est disponible, à savoir les chats, les bovins, les chiens, les furets, les chèvres, les chevaux, les porcs et les moutons. Les résultats montrent que certaines espèces ont des capacités remarquables pour nous reconnaître ou pour détecter et interpréter les émotions ou les signaux envoyés par les humains. Par exemple, les moutons et les chevaux peuvent reconnaître le visage de leur gardien sur des photos, les chiens peuvent réagir à nos odeurs de peur et les cochons peuvent suivre nos gestes de pointé du doigt. Néanmoins, les études sont inégalement réparties entre les espèces : il existe de nombreuses études sur les animaux qui vivent en étroite collaboration avec les humains, comme les chiens, mais on sait peu de choses sur les animaux de rente, comme les bovins et les porcs. Cependant, sur la base des données existantes, aucun lien évident n’est apparu entre les capacités cognitives des animaux envers les humains et leurs caractéristiques écologiques ou l’histoire et les raisons de leur domestication. Cette revue encourage la poursuite et l’élargissement de ce type de recherche à davantage de capacités et d’espèces.
Résumé en anglais (original) : In the past 20 years, research focusing on interspecific sociocognitive abilities of animals toward humans has been growing, allowing a better understanding of the interactions between humans and animals. This review focuses on five sociocognitive abilities of domestic mammals in relation to humans as follows: discriminating and recognizing individual humans; perceiving human emotions; interpreting our attentional states and goals; using referential communication (perceiving human signals or sending signals to humans); and engaging in social learning with humans (e.g., local enhancement, demonstration and social referencing). We focused on different species of domestic mammals for which literature on the subject is available, namely, cats, cattle, dogs, ferrets, goats, horses, pigs, and sheep. The results show that some species have remarkable abilities to recognize us or to detect and interpret the emotions or signals sent by humans. For example, sheep and horses can recognize the face of their keeper in photographs, dogs can react to our smells of fear, and pigs can follow our pointing gestures. Nevertheless, the studies are unequally distributed across species: there are many studies in animals that live closely with humans, such as dogs, but little is known about livestock animals, such as cattle and pigs. However, on the basis of existing data, no obvious links have emerged between the cognitive abilities of animals toward humans and their ecological characteristics or the history and reasons for their domestication. This review encourages continuing and expanding this type of research to more abilities and species.