Type de document : Tribune publiée dans Le Monde (édition abonnés)
Auteurs : Charlotte Arnal, Muriel Arnal, Didier Bonnet, Stan Broniszewski, Léopoldine Charbonneaux, Gérard Charollois, Christophe Coret, Simon Coutel, Jacques-Charles Fombonne, Frédéric Freund, Christine Grandjean, Thierry Hély, Laure Ieltsch, Melvin Josse, Marie-Laure Laprade, Christiane Laupie-Koechlin, Emilie de Marco, Christophe Marie, Nicolas Marty, André Menache, Alexandra Morette, Valérie Romano, Madline Rubin, Louis Schweitzer, Nathalie Soisson, Benoît Thomé, Isabelle Vieira, Ghislain Zuccolo
Extrait : Devenue une véritable préoccupation sociétale, la cause animale intéresse pourtant peu les candidats à la présidentielle. Dans une tribune au « Monde », vingt-huit ONG s’unissent au sein du collectif « Engagement animaux 2022 » afin d’obtenir des engagements concrets en matière de protection animale.
Depuis la toute première loi du 2 juillet 1850 qui interdisait les violences à l’encontre des animaux si elles étaient commises en public jusqu’à la loi votée en novembre 2021 visant à lutter contre la maltraitance animale et conforter le lien entre les animaux et les hommes, la reconnaissance et la protection des animaux a considérablement évolué.
Si, en 1850, la motivation affichée était de prémunir les humains des répercussions de violences faites aux animaux, aujourd’hui il est difficile de contester la nécessité de défendre les animaux au nom de leurs propres intérêts. Ainsi, peu de lois ont autant rassemblé d’élus de tous bords que celle adoptée récemment au Sénat et à l’Assemblée nationale à la quasi-unanimité (quatre cent cinquante voix pour et seulement deux voix contre).
Entre-temps, la science a largement démontré la proximité de leurs facultés mentales et des nôtres. Des singes, des sangliers et des oiseaux se transmettent des éléments culturels de génération en génération ; les rats sont capables de faire des sacrifices personnels pour aider leur prochain ; les poules fournissent des efforts pour éduquer correctement leur progéniture.
Pas un enjeu de la présidentielle
Le langage, les émotions et la conscience de leur environnement et de leurs ressentis ont été attestés chez un nombre croissant d’espèces ces dernières années. Pourtant, jamais nous n’avons enfermé et tué autant d’animaux qu’aujourd’hui en France, dans des conditions souvent épouvantables.
Comment expliquer que la consommation française repose sur des systèmes d’élevage où huit animaux sur dix sont élevés sans accès à l’extérieur, alors que 91 % des Français sont défavorables à cette méthode de production ? Ou encore que la corrida perdure alors que plus de six Français sur dix souhaiteraient la voir disparaître, dont 75 % des habitants des départements dits « taurins »?
Ainsi, près de sept Français sur dix considèrent que les politiques ne défendent pas suffisamment bien les animaux. De plus, pour 47 % des citoyens, l’engagement des candidats en faveur de la protection animale est désormais un facteur de choix électoral. Pourtant, la plupart des candidats à la présidentielle ne semblent pas en saisir l’enjeu et restent encore silencieux à ce sujet. [fin de la partie accessible aux non-abonnés]