Type de document : Article publié dans Sud Ouest
Auteurs: Sud Ouest avec AFP
Extrait : Le foie gras qui garnit les tablées de fête est issu de canards mâles. Les canetons femelles sont éliminés après éclosion : la filière pourrait se doter de machines qui déterminent le sexe des embryons.
Le sujet est peu connu du grand public, davantage sensibilisé sur la question du gavage. Mais les producteurs de foie gras ont cet autre « caillou dans la chaussure », selon l’expression de la directrice de l’interprofession Marie-Pierre Pé.
Traditionnellement dans les fermes, les canettes étaient élevées pour la viande et les mâles, dont les foies sont jugés de meilleure qualité, moins veinés, étaient gavés pour le foie gras. Mais depuis le début des années 1990, l’élevage des femelles a été abandonné au profit de celui des mâles. Résultat : les couvoirs qui fournissent les exploitations en canards éliminent une grande partie des femelles après éclosion.
Dizaines de millions de canetons
Cela concerne au moins une dizaine de millions de canetons de l’espèce mulard chaque année dans la filière foie gras, principalement par broyage. Entre 50 et 60 % des femelles sont gardées « en moyenne », d’après l’Institut technique de l’aviculture (Itavi).
La proportion est similaire parmi les palmipèdes élevés pour leur chair, où les femelles canards de Barbarie sont moins prisées car elles mettent plus de temps à grossir. Une dizaine de millions d’autres canetons sont éliminés dans cette filière.
Pas d’ultimatum
Le ministère de l’Agriculture n’a pas posé d’ultimatum pour les canards. Mais les professionnels du foie gras se donnent jusqu’à fin 2024 pour y parvenir, indique Marie-Pierre Pé.
À la fois opposée à l’élimination des canetons femelles et à l’export de ces très jeunes animaux, l’association de défense des animaux d’élevage Welfarm se dit « en faveur du développement de l’alternative que représente l’ovosexage ».
Les accouveurs sont sur les rangs. Pour faciliter le tri, ils avaient développé des lignées de canards où les femelles ont les yeux plus clairs que les mâles. Les machines qu’ils mettent au point sont capables de repérer ces différences pendant le premier tiers de l’incubation.