Type de document : Article publié dans Réussir Volailles
Auteur : Eva Pampouille
Extrait : Selon l’Itavi, distribuer quotidiennement des larves de mouches soldats noires permettrait d’augmenter l’activité des poulets de chair sans dégrader les performances de croissance.
L’évolution récente de la réglementation permet d’envisager les insectes comme une source prometteuse de matière première alimentaire. Riches en protéines de haute qualité et d’acides aminés essentiels, les insectes sont des candidats idéaux à la substitution de soja importé. En revanche, ils sont encore pour l’instant très coûteux. Cependant, des propriétés intéressantes peuvent être exploitées, notamment au regard du bien-être animal.
De tout temps, les insectes ont fait partie du régime alimentaire des oiseaux, fouillant et grattant le sol à la recherche de ces mets attractifs. L’utilisation de larves d’insectes – vivantes ou pas – comme enrichissement du milieu de vie pourrait permettre de stimuler les comportements naturels.
Un effet important sur l’activité mais ponctuel
Afin d’identifier des modalités réalistes d’utilisation de ces larves comme matériel d’enrichissement du milieu d’élevage, l’Itavi a mis en place un essai dans la cadre du projet PINHS porté par l’Inrae. Il visait à étudier l’effet de la distribution de larves de mouches soldats noires (vivantes ou déshydratées) en complément d’un aliment complet, sur le comportement, l’activité, l’état sanitaire et les performances de poulets de chair Ross 308.
L’apport de larves vivantes ou séchées augmente de plus de 40 % le nombre d’animaux en activité par rapport à ceux n’ayant reçu aucun enrichissement, mais uniquement au moment de leur distribution. Cet effet est d’autant plus important que la fréquence de distribution est élevée.
Le mode de présentation des larves (vivantes ou séchées) n’influence pas l’activité. En revanche, une plus grande appétence pour les larves vivantes a été observée, avec une consommation totale des larves de l’ordre de quelques minutes, par rapport aux larves séchées (plus d’une vingtaine de minutes) ou encore au blé, où des refus ont été constatés.
Un indice de consommation amélioré
L’apport de larves n’a pas eu d’effets négatifs sur les performances des poulets et sur leur état sanitaire (pododermatites, emplumement, troubles locomoteurs). La consommation d’aliment sur la période croissance-finition a été diminuée d’environ 200 g par poulet lorsque des larves séchées étaient distribuées, améliorant de plus de 0,13 point l’efficacité alimentaire des poulets nourris de larves, calculée hors consommation des insectes.
D’autres études sont encore nécessaires, notamment pour investiguer l’effet des larves sur les comportements spécifiques (exploration, confort) et l’impact coût/bénéfice.
Ce type d’enrichissement reste pour l’instant peu abordable. Il augmente le coût alimentaire respectivement de 17 % pour les larves vivantes et de 35 % pour les séchées, mais il pourra l’être d’ici quelques années avec l’optimisation du coût de production des insectes.