Type de document : Article publié dans Le Monde (édition abonnés)
Auteur : Jean-Pierre Stroobants
Extrait : Un texte, proposant l’étourdissement des animaux avant qu’ils ne soient tués, a été rejeté après avoir divisé le gouvernement régional, les partis et l’opinion.
Des partis divisés et renonçant parfois à leurs principes, un gouvernement régional menacé, un choc frontal entre les principes religieux et laïques, un parfum entêtant d’électoralisme : c’est ce qui subsistera d’un débat intense sur l’abattage rituel des animaux qui a eu lieu à Bruxelles-Capitale, troisième région belge. Une proposition du parti centriste Démocrate fédéraliste indépendant (DéFI), appuyé par les écologistes et les libéraux flamands, qui avait mis le feu aux poudres en octobre 2021, a abouti, vendredi 17 juin, à un vote très serré – 42 contre l’étourdissement des animaux avant qu’ils ne soient tués, 38 pour, 6 abstentions. Une conclusion, sans doute provisoire, qui ne calmera pas les esprits.
Le texte, à l’origine, visait à harmoniser la législation de la région avec celle déjà en vigueur en Flandre et en Wallonie. La question du bien-être animal, mise notamment en avant par l’Union professionnelle vétérinaire, qui soulignait qu’un animal égorgé peut agoniser jusqu’à quatorze minutes, a toutefois été rapidement éclipsée au profit de considérations politiques et religieuses.
Poids du « phénomène communautaire »
Si l’association de défense des animaux Gaia avait déposé une pétition assortie de 70 000 signatures en faveur de l’étourdissement, un texte en sens contraire avait récolté 110 000 signatures visant à protéger la pratique de la shehita de la religion juive et du dhakât pour les musulmans. Des pratiques qui échappent à l’obligation d’insensibilisation préalable à l’abattage édictée par les règles européennes, et que les deux autres régions belges avaient interdites en 2019, malgré les recours d’organisations musulmanes et juives invoquant le respect de la liberté des cultes.
La Cour constitutionnelle belge et la Cour de justice de l’Union européenne n’avaient, à l’époque, pas fait droit à leurs arguments, estimant qu’une interdiction de l’abattage sans étourdissement ne violerait ni la séparation entre l’Etat et les cultes ni la liberté de croyance. [Fin de la partie disponible sans abonnement]