Type de document : article scientifique publié dans Animal Cognition
Auteurs : Charlotte de Mouzon, Marine Gonthier, Gérard Leboucher
Résumé en français (traduction) : Discrimination de la parole dirigée vers le chat par rapport à la parole dirigée vers l’homme dans une population de chats de compagnie vivant en intérieur (Felis catus)
Dans les cultures occidentales contemporaines, la plupart des humains parlent à leurs compagnons animaux. Le registre vocal dirigé vers les animaux de compagnie présente des caractéristiques communes avec le discours dirigé vers les jeunes enfants, qui se distinguent du discours typique dirigé vers l’adulte (DDA). La façon dont les chiens répondent au discours dirigé vers le chien (DCN) a suscité l’intérêt des scientifiques. En revanche, on en sait beaucoup moins sur la façon dont les chats perçoivent et répondent au discours dirigé vers les chats (DCT). L’objectif principal de cette étude était d’évaluer si les chats sont plus réceptifs au DCT qu’au DDA. De plus, nous avons cherché à déterminer si les réponses des chats aux stimuli vocaux humains différaient selon qu’ils provenaient de leur propriétaire ou d’un étranger. Nous avons réalisé des expériences de lecture et testé une cohorte de 16 chats de compagnie dans un paradigme d’habituation-déshabituation, qui permet de mesurer les réactions des sujets sans entraînement intensif. Nous avons observé que les chats sont capables de distinguer un discours qui leur est spécifiquement adressé d’un discours adressé à des humains adultes, lorsque les phrases sont prononcées par leurs propriétaires. Lorsqu’ils entendent des phrases prononcées par des étrangers, les chats ne semblent pas faire la distinction entre DDA et DCT. Ces résultats apportent une nouvelle dimension à l’étude de la relation humain-chat, car ils impliquent le développement d’une communication particulière dans les dyades humain-chat, qui repose sur l’expérience. Nous discutons ces nouveaux résultats à la lumière de la littérature récente sur les capacités socio-cognitives des chats et l’attachement humain-chat. Nos résultats soulignent l’importance des relations individuelles pour les chats, renforçant la littérature récente concernant la capacité des chats et des humains à former des liens forts.
Résumé en anglais (original): In contemporary western cultures, most humans talk to their pet companions. Speech register addressed to companion animals shares common features with speech addressed to young children, which are distinct from the typical adult-directed speech (ADS). The way dogs respond to dog-directed speech (DDS) has raised scientists’ interest. In contrast, much less is known about how cats perceive and respond to cat-directed speech (CDS). The primary aim of this study was to evaluate whether cats are more responsive to CDS than ADS. Secondarily, we seek to examine if the cats’ responses to human vocal stimuli would differ when it was elicited by their owner or by a stranger. We performed playback experiments and tested a cohort of 16 companion cats in a habituation–dishabituation paradigm, which allows for the measurement of subjects’ reactions without extensive training. Here, we report new findings that cats can discriminate speech specifically addressed to them from speech addressed to adult humans, when sentences are uttered by their owners. When hearing sentences uttered by strangers, cats did not appear to discriminate between ADS and CDS. These findings bring a new dimension to the consideration of human–cat relationship, as they imply the development of a particular communication into human–cat dyads, that relies upon experience. We discuss these new findings in the light of recent literature investigating cats’ sociocognitive abilities and human–cat attachment. Our results highlight the importance of one-to-one relationships for cats, reinforcing recent literature regarding the ability for cats and humans to form strong bonds.
Publication ayant donné lieu à un article dans Science le 26 octobre 2022 : Cats react to ‘baby talk’—but only from their owners