Type de document : article scientifique disponible en ligne avant publication dans le Journal of Dairy Science
Auteurs : J. Denis-Robichaud, M. Rousseau, M. Denicourt, M. Villettaz-Robichaud, A.-M. Lamothe, L. DesCôteaux
Résumé en français (traduction) : Méthodes d’abattage à la ferme utilisées par les producteurs laitiers canadiens et émotions associées à la décision et à la pratique de l’euthanasie
L’euthanasie à la ferme est compliquée dans la mesure où les agriculteurs doivent prendre la décision de mettre fin à la vie d’un animal dont ils s’occupent. Des études ont montré que certaines décisions d’abattage sont prises trop tard, ce qui entraîne des problèmes de bien-être animal. Cependant, les informations sur les méthodes d’abattage à la ferme et le processus de décision menant à l’euthanasie d’un animal sont limitées. De plus, des émotions et des sentiments sont impliqués dans la décision et l’acte d’euthanasie. Les objectifs de cette étude étaient de décrire les pratiques actuelles liées à l’abattage à la ferme pratiquée par les producteurs laitiers canadiens et d’évaluer les émotions et les sentiments complexes entourant cet acte. Nous avons utilisé un protocole d’étude transversale pour recueillir ces informations au moyen d’un questionnaire en ligne rempli exclusivement par des producteurs laitiers canadiens. Nous avons analysé les données de façon descriptive à l’aide des fréquences, et les associations entre les caractéristiques des participants et leurs pratiques et émotions concernant l’abattage à la ferme ont été évaluées à l’aide de modèles de régression logistique. Au total, 479 producteurs laitiers de 5 provinces ont répondu à l’enquête. La méthode principale d’abattage à la ferme la plus couramment utilisée est l’arme à feu (≥70 %). Des méthodes d’abattage inacceptables, telles que la carabine 22 long rifle pour les vaches adultes ou l’absence de méthode complémentaire après l’utilisation d’une tige perforante, ont été utilisées par 25 %, 18 % et 58 % des participants pour les veaux, les animaux de renouvellement et les vaches laitières, respectivement. Quatre-vingt-quatorze pour cent des participants ont déclaré que le propriétaire de la ferme était la personne qui prenait toujours ou souvent les décisions d’abattage. De plus, 32 % des participants ont déclaré que le vétérinaire examinait toujours l’animal avant de procéder à l’abattage, 51 % ont déclaré qu’au moins une personne avait reçu une formation pour procéder à l’abattage et 16 % ont déclaré avoir un arbre de décision pour l’abattage. Certains participants (17 %) se sentent perturbés d’avoir la responsabilité de mettre fin à la vie de leurs animaux, et 19 % estiment que les autres personnes de l’exploitation ne sont pas à l’aise avec l’abattage. La moitié des participants ont déclaré que les personnes pratiquant l’abattage à la ferme ressentaient au moins une émotion douloureuse ou un sentiment complexe connexe, et la moitié ont déclaré avoir au moins une raison de ressentir de l’anxiété ou un malaise concernant l’abattage. Les résultats de cette étude ont révélé des lacunes telles que l’utilisation limitée de méthodes d’abattage acceptables et d’arbres de décision par les producteurs laitiers canadiens, la faible disponibilité de la formation à l’abattage à la ferme et la participation variable des vétérinaires.
Résumé en anglais (original) : On-farm euthanasia is complicated in that farmers have to make the decision to end the life of an animal they are caring for. Studies have shown that some culling decisions are made too late, which results in animal welfare issues. However, information about on-farm euthanasia methods and the decision process leading to the euthanasia of an animal is limited. Additionally, emotions and feelings are involved in the decision and the act of euthanasia. The objectives of this study were to describe current practices related to on-farm euthanasia performed by Canadian dairy farmers and to assess the emotions and complex feelings surrounding the act. A cross-sectional study design was used to gather this information through an online questionnaire completed exclusively by Canadian dairy farmers. Data were analyzed descriptively using frequencies, and associations between the participants’ characteristics and their practices and emotions regarding on-farm euthanasia were assessed using logistic regression models. A total of 479 dairy farmers from 5 provinces answered the survey. The most commonly used primary method of on-farm euthanasia was a firearm (≥70%). Unacceptable euthanasia methods, such as standard 0.22-caliber long rifle for adult cows or no adjunct method following the use of captive bolt, were used by 25%, 18%, and 58% of the participants for calves, replacement animals, and dairy cows, respectively. Ninety-four percent of the participants reported that the farm owner was the person who always or often made the euthanasia decisions. In addition, 32% of the participants reported that the veterinarian always examined the animal before performing euthanasia, 51% reported at least one person received training to perform euthanasia, and 16% reported having a decision tree for euthanasia. Some participants (17%) were troubled with the responsibility for ending the life of their animals, and 19% perceived other people on the farm to be uncomfortable with performing euthanasia. Half of the participants reported that people performing euthanasia on the farm felt at least one related painful emotion or complex feeling, and half reported they had at least one reason to feel anxiety or unease concerning euthanasia. The results of this study showed gaps such as the limited use of acceptable euthanasia methods and decision trees by Canadian dairy farmers, low availability of on-farm training for euthanasia, and variable involvement of veterinarians.