Type de document : article scientifique publié dans Frontiers in Veterinary Science
Auteurs : Marc Bagaria, Laura Kuiper, Ellen Meijer, Elisabeth H. M. Sterck
Résumé en français : Corrélation entre le comportement individuel et le fait de se mordre la queue chez les porcelets en phase de pré-finition
Introduction : La morsure de la queue est un problème répandu dans les systèmes de production porcine et a un impact négatif à la fois sur le bien-être des animaux et sur les revenus de l’exploitation. Cette étude exploratoire vise à valider la façon dont les morsures de queue sont liées à des comportements généraux au niveau de l’individu et à déterminer si ces comportements sont liés à un type particulier de morsure de queue : en deux temps, brusque et violente, obsessionnel ou épidémique.
Méthodes : Cette recherche a été menée dans un environnement commercial standard où 89 porcelets de pré-finition présentant des morsures de queue, et répartis en 8 groupes, ont été observés 4 jours par semaine pendant la période allant de 5 à 8 semaines d’âge. Chaque porcelet a été observé pendant 160 minutes au total à par échantillonnage focal continu. Dix comportements individuels ont été enregistrés sur la base des comportements généraux censés être liés au fait de mordre la queue (ACP1), de se faire mordre la queue (ACP2) et aux lésions causées par les morsures de la queue (ACP3). Ces ACP ont été assemblés et mises en relation avec les morsures de queue données, les morsures de queue reçues et les lésions dues aux morsures de queue.
Résultats : Les morsures de queue n’ont pas provoqué de lésions majeures sur la queue des porcelets à l’âge de 8 semaines mais ont été observées 420 fois, la plupart des individus (72%) ayant été classés dans la catégorie « mordeurs et victimes ». Lorsque l’on établit un lien entre l’ACP1 et les morsures de la queue, les porcelets qui ont mordu davantage la queue ont montré plus d' »exploration active ». Si l’on établit un lien entre l’ACP2 et les morsures de queue reçues, les porcelets qui ont reçu plus de morsures de queue ont été davantage » explorés tout en étant actifs » et » attaqués et explorés « . Lorsque l’on met en relation l’ACP2 et les lésions de morsure de la queue, les porcelets présentant des lésions ont montré plus d' »agonisme ». De manière surprenante, les lésions de morsure de la queue n’étaient pas significativement liées à l’ACP3. La relation entre les comportements exploratoires et les morsures de la queue indique que le type de morsure prédominant était le stade de pré-lésions de morsures de la queue en deux étapes, tandis que le stade de lésions était probablement débutant. La relation entre les morsures de queue et l’agression, ainsi que les lésions mineures de la queue observées, suggèrent que les morsures de queue brusques et violentes étaient probablement présentes, même si elles étaient rarement observées. Les morsures de queue obsessionnelles et épidémiques n’ont pas été observées.
Discussion : Cette étude démontre que le suivi des morsures de queue au niveau individuel permet d’identifier le type de morsure de queue présent. Cela donne des indications aux éleveurs pour appliquer des mesures appropriées afin de prévenir le développement du comportement de morsure de la queue chez les porcelets.
Résumé en anglais : Introduction: Tail biting is a widespread problem in pig production systems and has a negative impact on both animal welfare and farm income. This explorative study aims to validate how tail biting is related to general behaviors at the individual level and explore whether these behaviors are related to a particular type of tail biting: two-stage, sudden-forceful, obsessive, or epidemic.
Methods: This research was conducted in a standard commercial setting where 89 tail-docked pre-finishing piglets divided into 8 groups were observed 4 days per week from 5 to 8 weeks of age. Each piglet was observed for a total of 160 min using continuous focal sampling. Ten individual behaviors were recorded based on the general behaviors expected to be linked to giving tail biting (PCA1), receiving tail biting (PCA2), and tail biting damage (PCA3). These PCAs were assembled and related to tail biting given, tail biting received, and tail biting lesions.
Results: Tail biting did not lead to major damage on the piglets’ tail at 8 weeks of age but was observed 420 times, where most of the individuals (72%) were categorized as “biters and victims.” When relating PCA1 with tail biting given, piglets that gave more tail biting showed more “active exploration.” When relating PCA2 with tail biting received, piglets receiving more tail biting were more “explored while active” and “attacked and explored.” When relating PCA2 with tail biting lesions, piglets presenting lesions showed more “agonism.” Surprisingly, tail biting lesions were not significantly related to PCA3. The relationship between explorative behaviors and tail biting indicates that the pre-damage stage of two-stage tail biting was the predominant tail biting type, while the damaging stage was likely incipient. The relationship between tail biting and aggression, as well as the minor tail lesions observed suggest that sudden-forceful tail biting was probably present even though it was rarely seen. Obsessive and epidemic tail biting were not observed.
Discussion: This study demonstrates that studying tail biting at the individual level helps to identify the type of tail biting present. This gives directions to farmers for applying appropriate measures to prevent the development of tail biting behavior in piglets.