Type de document : article scientifique publié dans Scientific Reports 13:3285
Auteurs : Plotine Jardat, Alexandra Destrez, Fabrice Damon, Zoé Menard–Peroy, Céline Parias, Philippe Barrière, Matthieu Keller, Ludovic Calandreau, Léa Lansade
Résumé en français (traduction) : Les chevaux discriminent les odeurs corporelles humaines selon qu’elles sont liées à la peur ou à la joie dans un protocole d’habituation-discrimination.
On pense souvent que les animaux perçoivent les émotions humaines par l’odorat. La chémoréception est le sens le plus primitif et le plus répandu, et les régions du cerveau responsables du traitement des odeurs font partie des structures les plus anciennes de l’évolution des mammifères. Les signaux chimiques pourraient donc être impliqués dans la communication inter-espèces. La communication des émotions est essentielle pour les interactions sociales, mais très peu d’études ont clairement montré que les animaux peuvent percevoir des émotions humaines par le biais de l’odorat. Nous avons utilisé un protocole d’habituation-discrimination pour tester si des chevaux peuvent distinguer les odeurs humaines produites lorsqu’ils ressentent de la peur de celles produites lorsqu’ils ressentent de la joie. Les chevaux ont été exposés à des odeurs de sueur d’humains qui ont déclaré avoir ressenti de la peur ou de la joie en regardant un film d’horreur ou une comédie, respectivement. Une première odeur a été présentée deux fois au cours d’essais successifs (habituation), puis la même odeur et une nouvelle odeur ont été présentées simultanément (discrimination). Les deux odeurs provenaient du même humain dans la condition de peur ou de joie ; l’expérimentateur et l’observateur ne connaissaient pas la condition. Les chevaux ont reniflé l’odeur nouvelle plus longtemps que l’odeur répétée, ce qui indique qu’ils ont fait la distinction entre les odeurs humaines produites dans des contextes de peur et de joie. De plus, les différences dans la vitesse d’habituation et l’utilisation asymétrique des narines en fonction de l’odeur suggèrent des différences dans le traitement émotionnel des deux odeurs.
Résumé en anglais (original) : Animals are widely believed to sense human emotions through smell. Chemoreception is the most primitive and ubiquitous sense, and brain regions responsible for processing smells are among the oldest structures in mammalian evolution. Thus, chemosignals might be involved in interspecies communication. The communication of emotions is essential for social interactions, but very few studies have clearly shown that animals can sense human emotions through smell. We used a habituation-discrimination protocol to test whether horses can discriminate between human odors produced while feeling fear vs. joy. Horses were presented with sweat odors of humans who reported feeling fear or joy while watching a horror movie or a comedy, respectively. A first odor was presented twice in successive trials (habituation), and then, the same odor and a novel odor were presented simultaneously (discrimination). The two odors were from the same human in the fear or joy condition; the experimenter and the observer were blinded to the condition. Horses sniffed the novel odor longer than the repeated odor, indicating they discriminated between human odors produced in fear and joy contexts. Moreover, differences in habituation speed and asymmetric nostril use according to odor suggest differences in the emotional processing of the two odors.