Type de document : article publié dans Le Monde (édition abonnés)
Auteur : Mathilde Gérard
Extrait : L’association Greenpeace cartographie la répartition des exploitations comptant le plus grand nombre d’animaux sur le territoire français.
Le chiffre est vertigineux : 60 % des animaux d’élevage en France sont concentrés dans… 3 % des fermes d’élevage. Si l’élevage extensif, en plein air, à petite échelle, est celui mis en avant dans les discours politiques ou à travers la publicité, les chiffres montrent bel et bien que la concentration au sein de grosses exploitations est une réalité. Avec une répartition très inégale sur le territoire : 70 % de ces exploitations sont situées dans le Grand Ouest, dans les régions Bretagne et Pays de la Loire.
Dans un rapport publié mardi 16 mai, l’association Greenpeace analyse la présence et la répartition des exploitations comptant le plus grand nombre d’animaux sur le territoire français et dénonce « l’industrialisation de la production animale ». Le travail de l’organisation s’appuie sur une base de données datée de janvier transmise par le ministère de la transition écologique, recensant les quelque 3 000 « installations classées pour protection de l’environnement » (ICPE) soumises à autorisation, c’est-à-dire soumises à enquête publique.
Ces ICPE répondent à des seuils précis selon les espèces : il s’agit, par exemple, d’exploitations de plus de 40 000 poules pondeuses ou de volailles de chair, de plus de 2 000 porcs ou encore de plus de 400 vaches laitières. Pour Greenpeace, il s’agit de « fermes-usines ». « A partir d’une certaine dimension, on n’est plus sur une logique de ferme, mais sur une logique industrielle, avec une gestion de risque ad hoc », justifie Suzanne Dalle, chargée de campagne agriculture au sein de l’association.
Malgré les obligations de contrôle et de suivi sur ces ICPE, la base de données ministérielle comportait des erreurs (numéros Siret erronés, mauvaises adresses, nombre d’emplacements incohérents) que Greenpeace a dû corriger pour pouvoir exploiter les données. Des approximations qui illustrent la difficulté à suivre l’évolution dans le temps de ces exploitations.
En 2019, l’association avait réalisé un recensement similaire des fermes-usines, mais sans connaître les volumes d’animaux concernés, ce qui ne permet pas de conclure sur une possible tendance. Par ailleurs, l’association a en partie revu sa méthode : en 2019, la carte présentée permettait de zoomer jusqu’à la localisation des exploitations, ce qui avait été mal perçu par la profession agricole, et nourri par la suite les accusations d’« agribashing ». Pour cette nouvelle étude, Greenpeace a procédé différemment, en se concentrant sur les données par région : « Notre précédente carte donnait trop à voir où se situaient les fermes, précise Sandy Olivar, de Greenpeace, qui a également participé à l’étude. Or, notre but n’est pas de jeter des noms en pâture, mais de dénoncer un système. » [fin de la partie disponible sans abonnement]
Lien vers le rapport de Greenpeace