Type de document : article scientifique disponible en ligne avant publication dans Aquaculture
Auteurs : Aude Kleiber, Mathilde Stomp, Mélanie Rouby, Vitor Hugo Bessa Ferreira, Marie-Laure Bégout, David Benhaïm, Laurent Labbé, Aurélien Tocqueville, Marine Levadoux, Ludovic Calandreau, Vanessa Guesdon, Violaine Colson
Résumé en français (traduction) : L’enrichissement cognitif pour améliorer le bien-être des poissons en aquaculture : une revue
Si le bien-être de la plupart des animaux fait l’objet d’une attention croissante, celui des poissons a commencé à être pris en compte plus récemment, notamment depuis qu’il a été reconnu que les poissons ont des émotions et des capacités cognitives complexes. Les conditions d’hébergement dans les fermes piscicoles ne répondent pas toujours aux exigences éthologiques des poissons, car elles ne comportent pas suffisamment de stimulations sensorielles et cognitives. Une approche pour résoudre ce problème consiste à enrichir l’environnement d’élevage en y incluant des stimuli sociaux, alimentaires, physiques ou cognitifs. L’enrichissement cognitif (EC) est un concept récent mais prometteur qui vise à améliorer le bien-être des poissons en manipulant la prévisibilité et la contrôlabilité de leur environnement. Il repose non seulement sur la capacité des poissons à prévoir les événements positifs et négatifs, mais aussi sur leur capacité à effectuer et à réussir un conditionnement opérant. Dans la présente étude, nous avons identifié quatre catégories d’EC : (i) la prévisibilité de l’alimentation, (ii) la prévisibilité d’un événement négatif, (iii) le conditionnement opérant par le biais d’auto-alimentation et (iv) les expériences d’apprentissage. Les EC existants ont été examinés en fonction de leurs effets sur le comportement, le cerveau, les performances zootechniques et le bien-être en termes de stress physiologique ou d’intégrité physique chez les poissons téléostéens d’aquarium et d’élevage. L’étude met en évidence le caractère déséquilibré des catégories et l’absence d’analyses multidisciplinaires adéquates pour évaluer les effets de ces catégories sur le bien-être des poissons. Le fait d’offrir un libre accès aux poissons qui se nourrissent par eux-mêmes semble être une bonne stratégie, compte tenu de ses effets positifs sur les paramètres zootechniques et physiologiques. D’autres catégories ont donné des résultats contradictoires et dépendants de l’espèce ; des études supplémentaires sont donc nécessaires pour confirmer les avantages de l’EC sur le bien-être des poissons. Enfin, d’autres études devraient également valider les systèmes d’EC actuels et évaluer d’autres stratégies susceptibles de déclencher des émotions positives chez les poissons.
Résumé en anglais (original) : While most animals have received increasing attention for their welfare, consideration for fish welfare has started more recently, particularly since the recognition that fish have emotions and complex cognitive abilities. Housing conditions in fish farms do not always meet fish ethological requirements as these conditions lack sufficient sensory and cognitive stimulations. An approach to address this issue involves enriching the rearing environment by including social, food, physical, or cognitive stimuli. Cognitive enrichment (CE) is a recent but promising concept to improve fish welfare by manipulating the predictability and controllability of their environment. It relies not only on the ability of fish to predict positive and negative events but also on their ability to perform and succeed in operant conditioning. In our present review, we identified four categories of CE: (i) feeding predictability, (ii) predictability of a negative event, (iii) operant conditioning through self-feeders, and (iv) learning experiences. Existing CEs were reviewed for their effects on behaviour, brain, zootechnical performances, and welfare in terms of physiological stress or physical integrity in the aquarium and farmed teleost fish. The review highlights unbalanced categories and the lack of adequate multidisciplinary analyses to assess the effects of these categories on fish welfare. Providing free access to self-feeders seems to be a good strategy, given its positive effects on zootechnical and physiological parameters. Other categories showed contradictory and species-dependent results; hence, further studies are required to confirm the benefits of CE on fish welfare. Finally, further investigations should also validate current CE systems and assess other strategies that may trigger positive emotions in fish.
Extrait du site d’Aquaculture