Type de document : article d’Eurogroup for animals
Auteur : Reineke Hameleers
Extrait en français (traduction) : Les règles du jeu : l’opinion des citoyens de l’UE incitera-t-elle la Commission à adopter enfin la nouvelle législation sur le bien-être des animaux ?
Ces dernières semaines ont été parmi les plus difficiles dans ma position de PDG d’Eurogroup for Animals, mais aussi, à certains égards, les plus surréalistes. Au cours des dix années que j’ai fièrement passées à la tête de cette organisation, j’ai rencontré de nombreux obstacles politiques. Avec mon équipe et nos organisations membres, nous avons traversé de longues années de lobbying et de campagnes qui se sont heurtées à l’inaction politique de la Commission européenne. Après nous être heurtés si souvent à des obstacles, nous avons été enthousiasmés par la perspective d’une législation nouvelle et actualisée sur le bien-être animal, que la Commission européenne a promis de mettre en œuvre conformément aux objectifs du « Green Deal » de l’UE et dans le sillage de nos mobilisations citoyennes, qui ont connu un succès incroyable. Il était réjouissant pour nous de pouvoir enfin rassembler toutes les données scientifiques, de préparer nos demandes concrètes et de parler de changement pour des milliards d’animaux élevés. Cette semaine, il est apparu clairement que, au moins pour ce mandat politique, la Commission européenne n’a pas l’intention de mener à bien toutes les réformes promises et indispensables de la législation sur le bien-être animal. Il y a des raisons à cela et je ne les analyserai pas en détail ici. Tout ce que je peux dire, c’est qu’aucune d’entre elles ne tient la route dans une démocratie saine, car ce retour en arrière représente une trahison de la confiance que des millions de citoyens européens avaient placée dans la Commission européenne pour qu’elle prenne des mesures en faveur des animaux d’élevage.
Aujourd’hui, la déconnexion entre la société civile et la politique européenne est devenue encore plus évidente. D’une part, le débat en séance plénière du Parlement européen à Strasbourg sur l’initiative citoyenne européenne « Une Europe sans fourrure » a démontré que l’interdiction de l’élevage des animaux à fourrure bénéficie d’un soutien parlementaire incroyable de la part de tous les partis. Deuxièmement, les résultats du dernier Eurobaromètre spécial sur le bien-être animal, qui viennent d’être publiés, montrent une fois de plus et sans l’ombre d’un doute que les citoyens européens se soucient profondément des animaux d’élevage (et domestiques) et veulent que leurs décideurs politiques agissent. Nous savons cependant que la pression exercée par le lobby de l’agriculture industrielle est immense et que les enjeux sont élevés en raison de l’imminence des élections européennes de 2024. Nous avions prévu que toute tentative d’adoption d’une législation visant à réformer l’élevage se heurterait à une opposition féroce de la part de nos adversaires. Je ne pense pas que nous ayons vu la vie en rose. Après nous être engagés pendant des années avec toutes les parties prenantes lors d’innombrables réunions et occasions, et avec toutes les preuves scientifiques et de terrain de notre côté, nous pensions qu’il y avait des bases solides sur lesquelles construire une législation révisée sur le bien-être des animaux d’élevage. Mais la pandémie a frappé, puis la guerre, provoquant une instabilité internationale et une crise économique permanente. Les promesses d’un système alimentaire et agricole plus écologique et plus durable et d’une vie meilleure pour les animaux sont devenues controversées à la lumière des événements. À l’approche des élections, il faut être « réaliste ». Ce qui a été promis à des millions de personnes ne compte plus lorsqu’une réélection est en jeu. Ce sont les règles du jeu. Maintenant que les citoyens européens se sont à nouveau exprimés, haut et fort, directement et par l’intermédiaire de leurs représentants élus, que va faire la Commission européenne ? Je pense que la Commission européenne peut (et doit) encore faire ce qu’il faut et présenter toutes les propositions législatives prévues en matière de bien-être animal. Lorsqu’elle le fera, nous serons là pour veiller à ce que les nouvelles lois fassent réellement la différence dans la vie de milliards d’animaux non humains.
Extrait en anglais (original) : The past few weeks have been among the hardest in my position as the CEO of Eurogroup for Animals but also, in some respects, the most surreal. In the ten years I have proudly spent leading this organisation, I experienced many political hurdles. Together with my team and our member organisations, we went through long years of lobbying and campaigning that were met with political inaction on the part of the European Commission.After hitting the rubber wall so many times, we were thrilled by the prospect of new and updated animal welfare legislation, which the European Commission promised to deliver in line with the aims of the EU Green Deal and in the wake of our incredibly successful citizens’ mobilisations. It was refreshing for us to finally collect all the science, prepare our concrete asks, and talk about change for billions of kept animals. This week it became clear that, at least for this political term, the European Commission does not intend to deliver all of the promised and much-needed reforms of animal welfare legislation. There are reasons why this is happening and I won’t analyse them in detail here. All I can say is that none of them holds water in a healthy democracy because this backtracking represents a betrayal of the trust millions of European citizens had put in the European Commission to take action for farmed animals. Today, the disconnect between civil society and European politics has become even more evident. For one, the plenary debate at the European Parliament in Strasbourg on the European Citizens’ Initiative “Fur Free Europe” demonstrated that there is incredible cross-party parliamentary support for a ban on fur farming. Secondly, the results of the latest special Eurobarometer on animal welfare, only just published, show once again and without a shadow of a doubt that European citizens deeply care for farmed (and domestic) animals and want their policymakers to act. We know, however, that the pressure from the industrial agriculture lobby is immense and that the stakes are high due to the impending European elections in 2024. We had anticipated that any attempt at passing legislation to reform animal farming would encounter fierce opposition from our opponents. I do not think we were wearing rosy glasses. After engaging for years with all stakeholders in countless meetings and occasions, and with all the scientific and field evidence on our side, we thought there were solid bases on which to build a revised farmed animal welfare legislation. But then the pandemic hit, then war, causing international instability and an ongoing economic crisis. The promises of a greener, more sustainable food and farming system and good lives for animals became controversial in light of the events. As elections approach, one must be “realistic”. What was promised to millions does not count anymore when there’s a re-election on the line. These are the rules of the game.
Now that European citizens have spoken again, loud and clear, directly and through their elected representatives, what will the European Commission do? I believe the European Commission still can (and should) do the decent thing and put forward all the planned legislative proposals on animal welfare. When it does, we will be there to ensure that the new laws really make a difference in the lives of billions of non-human animals.