Type de document : actualité du GIS FC3R
Auteur : GIS FC3R
Extrait : En recherche expérimentale, les insectes sont devenus des acteurs majeurs dans des domaines aussi variés que la génétique, l’infectiologie et l’environnement. Ils sont couramment utilisés dans le cadre du « remplacement relatif » car il s’agit d’espèces considérées comme moins sensibles. Bien que non protégés par la directive 2010/63/UE sur la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques, de récentes avancées soulèvent des interrogations éthiques : devrions-nous réévaluer nos pratiques concernant l’utilisation des insectes ?La conscience animale : généraliser, tout en restant prudentsLa conscience fait référence au processus par lequel un animal éprouve des perceptions et des émotions, fondées sur le substrat matériel de son système nerveux (Irwin et al. 2022). Depuis la théorie de l’évolution de Darwin, les recherches sur la conscience se sont étendues à diverses espèces animales. L’étude scientifique de la conscience a connu une résurgence au XXIe siècle. Dans l’arbre phylogénétique des animaux, la conscience est apparue indépendamment dans au moins trois clades différents (les vertébrés, les arthropodes et les mollusques céphalopodes) avec des architectures neuronales très différentes. Selon Barron et al. 2016 les insectes pourraient ainsi éprouver des expériences subjectives analogues à celles des vertébrés. D’après l’expertise collective 2017 de l’Inrae sur la conscience animale, il faudrait savoir si les capacités cognitives à l’origine de la conscience peuvent résulter de processus évolutifs et si ces capacités pourraient être le produit de convergences évolutives chez des espèces non apparentées mais confrontées à des contraintes environnementales similaires. En avril 2024, 287 experts ont apposé leur signature sur la Déclaration de New York, établissant ainsi un consensus naissant quant à la réalité de la conscience chez certains vertébrés et invertébrés, y compris les insectes. Cette prise de position souligne l’impératif d’accorder une place prépondérante à la considération de la conscience animale dans nos réflexions et nos actions en faveur de la protection animale. […]La douleur chez les insectesChez des insectes, les preuves de l’existence de la douleur sont encore sujettes à débat. Afin de comprendre l’état actuel des preuves de la douleur chez ces invertébrés, une révision approfondie de plus de 300 études sur six ordres d’insectes a été réalisée par Gibbons et al. en 2022. Huit critères basés sur la nociception, l’analgésie et le comportement, ont été utilisés pour évaluer la douleur. […]Malgré l’absence de données scientifiques suffisantes, l’étude de Gibbons et al. conclut que plusieurs ordres d’insectes sont susceptibles de ressentir la douleur. Les preuves les plus solides proviennent des mouches adultes (Diptera) et des blattes (Blattodea), qui sont des espèces bien étudiées. Les abeilles, les guêpes et les fourmis (Hymenoptera) ont également montré des signes de douleur, mais avec moins de critères remplis. Il est important de noter qu’aucun insecte adulte n’a échoué aux critères de manière convaincante. Cependant, il existe des lacunes dans les preuves, car la neurobiologie et le comportement liés à la douleur n’ont pas été suffisamment étudiés chez la plupart des insectes.