Type de document : article scientifique publié dans le Journal of Zoological and Botanical Gardens
Auteurs : Robert Kelly, Paul Rose
Résumé en français (traduction) : Soixante ans d’application des quatre questions de Tinbergen et leur pertinence pour la recherche appliquée sur le comportement et le bien-être des animaux de zoo : Un commentaire
Comprendre le comportement des animaux peut donner l’impression de déchiffrer une langue étrangère. En 1963, le pionnier de l’éthologie Nikolaas Tinbergen a proposé une clé : quatre questions fondamentales pour disséquer les complexités du comportement et réduire les biais d’interprétation. Ces « quatre questions » se répartissent en deux catégories : Proximité (comment ?) et Ultime (pourquoi ?). Les questions de proximité portent sur la manière dont le comportement est déclenché (causalité) et se développe au fil du temps (ontogénie). Les questions ultimes portent sur l’histoire de l’évolution (phylogénie) et l’objectif (fonction). Traditionnellement utilisé en écologie comportementale, le cadre de Tinbergen trouve une nouvelle pertinence dans des domaines tels que la sensibilité, le bien-être, la conservation et la gestion des animaux. Ce document illustre comment une intégration plus poussée de ces questions dans la recherche appliquée peut améliorer les résultats. Par exemple, les animaux en captivité peuvent bénéficier d’un enrichissement dont l’origine et la forme semblent « non naturelles ». Cet enrichissement déclenche-t-il des comportements typiques de l’espèce, remplissant la même fonction adaptative que les stimuli naturels ? Comprendre les comportements naturels d’une espèce et la manière dont la réalisation de ces activités favorise un état de bien-être positif est essentiel pour une gestion biologiquement pertinente des populations. Les quatre questions de Tinbergen peuvent aider les scientifiques à déchiffrer la pertinence du comportement naturel et à comprendre comment les réponses d’une espèce à son environnement indiquent ce dont les individus ont besoin et ce qu’ils veulent à un moment ou à un endroit précis. En appliquant les quatre questions, nous pouvons répondre à cette question et, en retour, affiner les pratiques d’élevage et conserver la diversité comportementale dans les populations gérées. Soixante ans après leur conception, les quatre questions de Tinbergen restent un outil puissant pour la recherche comportementale. En englobant différentes disciplines biologiques dans un cadre unifié, la science appliquée aux zoos continuera à progresser et à fournir des résultats crédibles fondés sur des preuves.
Résumé en anglais (original) : Understanding animal behaviour can feel like deciphering a foreign language. In 1963, pioneering ethologist Nikolaas Tinbergen offered a key: four fundamental questions to dissect behaviour’s complexities and reduce interpretive bias. These “Four Questions” fall into two categories: Proximate (how?) and Ultimate (why?). The Proximate questions ask how the behaviour is triggered (Causation) and develops over time (Ontogeny). The Ultimate questions delve into its evolutionary history (Phylogeny) and purpose (Function). Traditionally used in behavioural ecology, Tinbergen’s framework finds new relevance in fields like sentience, welfare, conservation, and animal management. This paper illustrates how further integration of these Questions into applied research can improve outcomes. For example, captive animals can receive enrichment seemingly “unnatural” in origin and form. Does such enrichment trigger species-typical behaviours, fulfilling the same adaptive function as natural stimuli would? Understanding a species’ natural behaviour patterns and how the performance of such activities promotes positive welfare states is key to biologically relevant population management. Tinbergen’s Four Questions can help scientists to decipher the relevance of natural behaviour, and how a species’ responses to their environment indicate what individuals need and want at a specific time or place. By applying the Four Questions, we can answer this question and, in turn, refine husbandry practices and conserve behavioural diversity in managed populations. Sixty years after their conception, Tinbergen’s Four Questions remain a powerful tool for behavioural research. By embracing different biological disciplines within a unified framework, applied animal zoo science will continue to advance and provide credible evidence-based outputs.