Type de document : article publié dans Libération
Auteur : Olivier Monod
Extrait : Moins chers, meilleurs pour la santé que la viande rouge et avec un impact environnemental plus faible, le poulet et les œufs voient leurs ventes augmenter. Mais les chiffres flatteurs sont portés par des filières moins soucieuses du bien-être animal, et pas si «vertes» que ça. Le poulet, roi des assiettes. Malgré l’inflation, le développement du végétarisme et la prise de conscience des impacts environnementaux des élevages, une viande résiste et continue de voir sa consommation croître : le poulet. En 2023, les ventes étaient en hausse de 3,7 %, quand la consommation totale de viande en France – volaille incluse – diminuait de 1,4 %, par rapport à 2022. L’appétit pour ce produit qui ne souffre d’aucun interdit religieux est une tendance de fond.
En 2021, les Français dévoraient sur l’année 28,3 kg de poulet par personne, contre 21,4 kg en 2000. Une hausse de 32 % quand, dans le même temps, la consommation totale de viande – volaille incluse – baissait de 6 %. Le phénomène, qui vaut aussi pour les ventes d’œufs, se retrouve à l’échelle internationale. Les prévisions sont au beau fixe et les producteurs français ne veulent pas passer à côté. Pas moins de 700 poulaillers vont pousser sur tout le territoire d’ici à 2030 : 300 pour produire des œufs et 400 pour fournir des cuisses, filets et ailes.
Comment les poulets sont-ils consommés ?
Le consommateur adepte de label rouge, d’œufs plein air et de bio n’est pas représentatif du marché du poulet. En effet, si plus de la moitié des poulets achetés entiers sont labellisés bio ou label rouge, les achats directs sont minoritaires. Ainsi, «le poulet bio représente 1 % de la consommation de poulet française, le label rouge 9 %, et les autres certifications 3 %», rappelait dans Libé Vincent Chatellier, ingénieur recherche à l’Inrae, spécialiste d’économie agricole, début septembre. Les autres poulets consommés sont dits standards. «Ils vivent une quarantaine de jours, grossissent quatre fois plus vite qu’en 1950 et sont entassés en moyenne à 20 000 par bâtiment, sans accès à l’extérieur», dénonce Brigitte Gothière, cofondatrice de l’association L214. L’essentiel des protéines de volaille se consomment en «restauration hors domicile» (RHD) ou en produits transformés. (…)
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