Type de document : Tribune publiée dans Le Monde (édition abonnés)
Auteurs : Collectif dont les premiers signataires sont : Typhanie Degois, Marie-Bénédicte Desvallon, Loïc Dombreval, Albin Gräns, Arnaud Lelaidier, Catalina Lopez Salazar, Luc Mounier, Caroline Roose, Louis Schweitzer, Lynne Sneddon
Extrait : TRIBUNE. A l’initiative de la Fondation droit animal, éthique et sciences, 85 signataires, élus nationaux ou européens et universitaires, demandent, dans une tribune au « Monde », à la filière piscicole d’innover pour que les animaux aquatiques soient autant protégés que les autres animaux.
Beaucoup plus d’animaux sont mis à mort sur les bateaux de pêche que dans les abattoirs terrestres. Chaque année, entre 790 et 2 300 milliards de poissons sont tués sur les bateaux de pêche dans le monde. Entre 695 millions et 2,3 milliards d’entre eux sont abattus par la pêche française.
Selon l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), et selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), les poissons sont capables de souffrir, de ressentir la douleur, le stress et même la peur. Or, le processus de pêche implique de multiples sources de souffrances. Les poissons se blessent au contact des hameçons ou des filets.
Une fois empêtrés, ils peuvent s’épuiser en passant des heures à se débattre. Lors de la remontée, ils peuvent subir un choc dû au changement rapide de température et de pression qui endommage gravement leurs organes internes, et ils sont comprimés les uns sur les autres. Une fois à bord, ils sont exposés à l’air libre et parfois manipulés violemment avec des outils blessants tels que la gaffe – bâton muni d’un crochet que l’on plante dans la chair. Ils meurent le plus souvent des suites d’une très longue asphyxie, ou bien saignés ou éviscérés à vif sans étourdissement préalable.
Réglementation de l’abattage
Depuis plusieurs décennies déjà, notre société tente de minimiser les souffrances des animaux terrestres au moment de leur mise à mort. Ainsi, les abattoirs terrestres sont soumis à une réglementation dont l’application est en principe contrôlée par les services vétérinaires de l’Etat. Celle-ci prévoit l’étourdissement préalable des animaux (à l’exception de l’abattage rituel) selon des méthodes spécifiques et encadre la formation des opérateurs d’abattoirs, ainsi que les conditions de transport, d’accueil et de manipulation des animaux. De plus, des travaux de recherche scientifique, financés par l’Etat ou par le secteur privé, sont activement menés afin de perfectionner les méthodes d’abattage des animaux terrestres dans un souci de minimisation des souffrances animales.
En ce qui concerne les animaux aquatiques, la filière piscicole n’est pour l’instant pas soumise à cette réglementation, mais a d’elle-même entrepris une démarche de progrès en créant une plate-forme d’échange entre chercheurs et professionnels pour identifier et diffuser les bonnes pratiques en matière d’abattage [fin de la partie disponible sans abonnement].