Type de document : rapport de l’European Public Health Alliance (EPHA)
Auteur: Cóilín Nunan
Résumé en français (traduction) : Fin de l’utilisation systématique des antibiotiques en élevage en Europe. Parvenir à l’utilisation responsable des antibiotiques en améliorant la santé et le bien-être des animaux en production de porcs et de volailles.
Le 28 janvier 2022, l’UE [a interdit] toutes les formes d’utilisation systématique d’antibiotiques en élevage, y compris les traitements prophylactiques de groupe. L’utilisation d’antibiotiques pour compenser un élevage inadéquat ou une mauvaise hygiène [est] également devenue illégale. […]Les données publiées par l’Agence européenne des médicaments montrent qu’il existe actuellement d’énormes différences dans les niveaux d’utilisation des antibiotiques d’élevage entre les différents pays européens, bien que des réductions significatives de l’utilisation aient eu lieu dans de nombreux pays au cours de la dernière décennie.
Les pays européens qui utilisent le moins d’antibiotiques, à savoir l’Islande, la Norvège et la Suède, ont généralement des normes légales minimales plus élevées en matière de bien-être animal, ce qui contribue à leur capacité à minimiser l’utilisation systématique d’antibiotiques. Dans ces pays, environ 90 % des antibiotiques sont administrés sous forme de traitements individuels aux animaux malades.
Les utilisateurs plus moyens, tels que les grands producteurs français et allemands, ont des niveaux d’utilisation d’antibiotiques environ 5 à 10 fois plus élevés par unité de bétail que les utilisateurs les plus faibles, ce qui montre à quel point leur utilisation peut être réduite. Les plus gros utilisateurs, qui comprennent les grands producteurs comme la Pologne, l’Italie et l’Espagne, ont encore des niveaux d’utilisation d’antibiotiques 10 à 20 fois plus élevés par unité de bétail que les plus faibles utilisateurs. Dans les pays utilisateurs moyens et supérieurs à la moyenne, la grande majorité des antibiotiques d’élevage (plus de 75 %) sont administrés sous forme de traitements de groupe, car l’utilisation des antibiotiques est moins ciblée et vise souvent à contrôler les problèmes de maladies persistantes. […]L’une des principales raisons pour lesquelles tant de pays ont encore recours à une utilisation excessive d’antibiotiques d’élevage et connaissent d’importants problèmes de santé animale est l’engagement pris depuis des décennies par de nombreux gouvernements et par l’UE elle-même d’accroître la productivité agricole et de fournir de la viande et des produits laitiers bon marché. […]Pour lutter contre la crise de la résistance aux antibiotiques, il est essentiel que la nouvelle législation européenne soit pleinement mise en œuvre et que les engagements pris par les décideurs politiques en faveur de l’amélioration de la santé et du bien-être des animaux soient concrétisés. Les systèmes d’exploitation et les pratiques d’élevage qui visent uniquement à accroître la productivité et qui ne permettent pas d’obtenir une bonne santé animale et un faible niveau d’utilisation des antibiotiques doivent être progressivement abandonnés.
Plan de la partie Recommandations :
Politiques et objectifs en matière d’utilisation des antibiotiques et de collecte de données :
1. Faibles niveaux d’utilisation des antibiotiques dans les élevages
2. La plupart des antibiotiques devraient être utilisés pour des traitements individuels
3. Les données sur l’utilisation des antibiotiques doivent être collectées par espèce et par système d’élevage
4. Restrictions sur les antibiotiques les plus prioritaires et d’importance critique
De nombreux facteurs liés à l’élevage peuvent contribuer à diminuer l’utilisation d’antibiotiques, mais certains des principaux facteurs nécessitant une action qui ont été identifiés dans ce rapport sont les suivants :
1. Sevrer les porcelets plus tardivement
2. Utiliser des races appropriées
3. Améliorer l’hygiène, réduire la densité de peuplement en bâtiment et fournir un « enrichissement » approprié
4. Fournir un accès à l’extérieur
5. Inclure suffisamment de fibres dans le régime alimentaire
6. Interdire la caudectomie des porcelets
Résumé en anglais (original) : On 28 January 2022, the EU [banned] all forms of routine farm antibiotic use, including prophylactic group treatments. Using antibiotics to compensate for inadequate husbandry or poor hygiene [has] also become illegal. […]Data published by the European Medicines Agency show that huge differences in the levels of farm antibiotic use currently exist between different European countries, despite significant reductions in use having occurred in many countries over the past decade.
The lowest European users, Iceland, Norway and Sweden, generally have higher minimum statutory animal-welfare standards that contribute to their ability to minimise routine antibiotic use. In these countries, around 90% of antibiotics are administered as individual treatments to sick animals.
More average users, such as large producers France and Germany, have antibiotic usage levels about 5–10 times higher per livestock unit than the lowest users, demonstrating how much further their use can be cut. The highest users, which include large producers such as Poland, Italy and Spain, still have antibiotic usage levels which are 10–20 times higher per livestock unit than the lowest users. In average and above-average using countries, the vast majority of farm antibiotics (over 75%) are administered as group treatments, because antibiotic use is less targeted and often aimed at controlling persistent disease problems. […]A major reason why so many countries still have such excessive farm antibiotic use and significant animal-health problems is because of a decades-long commitment from many governments and the EU itself to increasing farm productivity and delivering cheap meat and dairy products. […]Tackling the antibiotic-resistance crisis means that it is essential that the new EU legislation is fully implemented, and the claimed commitments from policy makers toimproving animal health and welfare are realised. Farming systems and husbandry practices aimed solely at increasing productivity, and which cannot deliver good animal health and low levels of antibiotic use, mustbe phased out.
Plan of the Recommendations section
Policies and targets for antibiotic use and data collection:
- Low levels of farm antibiotic use
- Most antibiotic use should be for individual treatments.
- Antibiotic-use data should be collected by species and by farming system.
- Restrictions on highest-priority critically important antibiotics.
Numerous husbandry factors can contribute to antibiotic use, but some of the key ones requiring action that have been identified in this report are:
- Later weaning in piglets
- Use appropriate breeds
- Improve hygiene, reduce indoor stocking density and provide proper “enrichment”.
- Provide access to the outdoors.
- Include sufficient fibre in diets.
- Ban tail docking of piglets.
Rapport cité dans un article publié dans PLOS Global Public Health le 1er février 2023 : Global trends in antimicrobial use in food-producing animals: 2020 to 2030, ayant lui-même fait l’objet d’une actualité dans Nature le 6 février 2023 : Antibiotic use in farming set to soar despite drug-resistance fears