Type de document : article scientifique disponible en ligne avant publication dans Applied Animal Behaviour Science
Auteurs : Clémence Lesimple, Lola Reverchon-Billota, Patrick Galloux, Mathilde Stomp, Laetitia Boichot, Caroline Coste, Séverine Henry, Martine Hausberger
Résumé en français (traduction) : Les chevaux, et en particulier les chevaux de sport, restent principalement logés dans des boxes individuels. L’une des principales raisons invoquées est la crainte qu’ils s’agitent et se blessent, ce qui nuirait à leurs performances, s’ils étaient mis en liberté dans les paddocks. On suppose également que l’heure passée quotidiennement au travail est suffisante pour satisfaire les besoins de locomotion des chevaux. Des preuves scientifiques de plus en plus nombreuses montrent que le logement en box individuel a des conséquences négatives sur le bien-être des chevaux et qu’il est nécessaire de permettre de se déplacer librement. Notre objectif était d’évaluer la faisabilité de permettre aux chevaux de sport habitués à rester en permanence dans leur box (sauf pendant 1 h de travail/jour) de passer quotidiennement du temps libre dans un paddock et d’évaluer son impact potentiel sur leur bien-être à l’aide de deux indicateurs comportementaux fiables (comportements stéréotypés et position des oreilles), ainsi que de paramètres sanguins sélectionnés (numération globulaire, concentrations d’ocytocine et de sérotonine). Deux expérimentations ont été menées sur le même site. La première a évalué l’accoutumance des chevaux de sport à une nouvelle situation: des séances quotidiennes dans un paddock, et a enregistré des indicateurs de bien-être dans leur box avant et pendant l’expérience, en comparant les chevaux qui ont été emmenés à l’extérieur (expérimental) et ceux qui sont restés dans leur box (contrôle). La deuxième expérimentation a évalué l’impact de ce temps libre quotidien dans un paddock sur le bien-être des chevaux et sa durabilité, en se concentrant sur les indicateurs positifs. Les observations comportementales dans les paddocks ont montré que même les chevaux qui n’avaient jamais connu la liberté de mouvement en dehors de leur box s’habituaient rapidement à cette situation. La présence de foin au paddock peut avoir accéléré l’accoutumance. Les conditions de vie restrictives des chevaux ont été associées à des anomalies du nombre de cellules sanguines qui n’ont pas été supprimées par des séances quotidiennes dans les paddocks, mais les indicateurs comportementaux ont montré que leur bien-être s’était amélioré. Dans la deuxième étude, le bien-être des chevaux expérimentaux s’est amélioré pendant la période de sortie au paddock, en particulier les comportements stéréotypés ont diminué et les niveaux d’ocytocine ont augmenté. Aucun effet sur les concentrations de sérotonine n’a pu être mis en évidence. Ces effets étaient directement liés au fait d’être au paddock, car les indicateurs sont rapidement revenus à leurs niveaux antérieurs, ce qui indique que le bien-être des chevaux a été compromis lorsque les séances de paddock ont cessé. En conclusion, il peut être recommandé de mettre les chevaux de sport en liberté pour qu’ils puissent se déplacer librement dans les paddocks, car le bien-être s’en trouve amélioré et l’évaluation subjective des soigneurs a indiqué des risques minimes.
Résumé en anglais (original) : Horses, and in particular sport horses, remain housed predominantly in single stalls. One of the main reported reasons is the fear that they will become agitated and injure themselves and thereby impair their performance if released in paddocks. The hour spent daily at work is also assumed to be sufficient to satisfy the horses’ needs for locomotion. Growing scientific evidence shows that single stall housing has negative consequences on horses’ welfare and that time for free movement is necessary. Our aim was to assess the feasibility of allowing sport horses used to staying permanently in their stall (except for 1 h riding/day) daily free time in a paddock and to evaluate its potential impact on their welfare using two behavioural reliable indicators (stereotypic behaviours and ear position), as well as selected blood parameters (blood cell count, oxytocin and serotonin concentrations). Two experiments were conducted on the same site. The first experiment evaluated sport horses’ habituation to the novel situation of daily sessions in a paddock, and recorded welfare indicators in their stall before and during the experiment, comparing horses that were taken outdoors (experimental) and those that stayed in their stall (control). The second experiment evaluated the impact of this daily free time in a paddock on horses’ welfare and its durability, focusing on positive indicators. Behavioural observations in paddocks showed that even horses that had never experienced free movement outside their stall habituated rapidly to this situation. The presence of hay in the paddock, may have speeded up habituation. Their restricted living conditions were associated with abnormalities in blood cell count that were not overcome during the time of daily paddock sessions but behavioural indicators showed that their welfare improved. In the second study, the experimental horses’ welfare improved during the paddock release period, in particular their stereotypic behaviours decreased and oxytocin levels increased. No effects on serotonin concentrations could be evidenced. These effects were directly associated with being in paddock, as the indicators returned rapidly to their previous levels indicating compromised welfare when the paddock release sessions stopped. In conclusion, it can be recommended to release sport horses for free movement in paddocks as welfare is improved and subjective assessment by caretakers indicated minimal risks.