Type de document : article scientifique publié dans Frontiers in Veterinary Science
Auteurs : Avelyne S. Villain, Mathilde Lanthony, Carole Guérin, Céline Tallet
Résumé en français (traduction) : Enrichir la vie des animaux d’élevage est une obligation légale dans les conditions d’élevage intensif de l’Union européenne, mais pas dans le monde entier. Chez les porcs, les matériaux manipulables sont obligatoires lorsqu’il n’y a pas de litière disponible. Tout comme les objets manipulables, les interactions humaines positives peuvent également être considérées comme un enrichissement, car elles donnent aux animaux des possibilités d’interaction, augmentent leur activité et conduisent à des états émotionnels positifs. Dans cette étude, nous avons examiné comment les porcs sevrés percevaient un objet manipulable inanimé et un humain familier. Après une familiarisation similaire (en termes de durée, de fréquence et de procédure) aux deux stimuli, 24 porcs sevrés ont été testés pour déterminer une préférence potentielle pour l’un des stimuli et soumis à des tests d’isolation/de réunion pour évaluer la valeur émotionnelle des stimuli. Nous avons émis l’hypothèse que la réunion avec un stimulus atténuerait le stress de l’isolement social et favoriserait un état positif, surtout si le stimulus avait une valeur émotionnelle positive pour les porcs. Bien que nos données comportementales ne montrent pas que les porcs passent plus de temps à proximité ou en contact avec l’un des stimuli lors d’un test de choix, les porcs s’approchent plus souvent de l’homme et sont observés couchés uniquement à proximité de l’homme. En utilisant les données comportementales et bioacoustiques des tests d’isolation/réunion, nous avons montré qu’une réunion avec l’humain diminuait le temps passé dans un état d’attention et de mobilité des porcs dans une plus grande mesure qu’une réunion avec l’objet, ou l’isolation. Les vocalisations diffèrent entre les réunions avec l’objet et l’homme, et sont différentes de celles de l’isolement. La présence de l’homme et de l’objet entraînait une gamme de fréquences plus élevée et des grognements plus bruyants, mais seul l’homme entraînait la production de grognements positifs plus courts, généralement associés à des situations positives. En conclusion, les porcs semblaient être dans un état émotionnel plus positif, ou être rassurés, en présence d’un humain familier par rapport à l’objet après une courte période d’isolement social. Cela confirme le besoin potentiel d’interactions pseudo-sociales positives avec un humain pour enrichir l’environnement des porcs, au moins dans ou après des situations potentiellement stressantes.
Résumé en anglais (original) : Enriching the life of farm animals is a legal obligation in intensive farming conditions in the European Union, though not worldwide. In pigs, manipulable materials are mandatory when no bedding is available. Like manipulable objects, positive human interactions might also be considered as enrichment, as they provide the animals with opportunities to interact, increase their activity and lead to positive emotional states. In this study, we investigated how weaned pigs perceived an inanimate manipulable object and a familiar human. After a similar (in length, frequency, and procedure) familiarization to both stimuli, 24 weaned pigs were tested for a potential preference for one of the stimuli and submitted to isolation/reunion tests to evaluate the emotional value of the stimuli. We hypothesized that being reunited with a stimulus would attenuate the stress of social isolation and promote a positive state, especially if the stimulus had a positive emotional value for pigs. Although our behavioral data showed no evidence that pigs spent more time close to, or in contact with, one of the stimuli during a choice test, pigs more often approached the human and were observed lying down only near the human. Using behavioral and bioacoustic data from isolation/reunion tests, we showed that a reunion with the human decreased the time spent in an attentive state and mobility of pigs to a greater extent than a reunion with the object, or isolation. Vocalizations differed between reunions with the object and the human, and were different from those during isolation. The human and object presence led to higher frequency range and more noisy grunts, but only the human led to the production of positive shorter grunts, usually associated with positive situations. In conclusion, pigs seemed to be in a more positive emotional state, or be reassured, in the presence of a familiar human compared to the object after a short period of social isolation. This confirms the potential need for positive pseudo-social interactions with a human to enrich the pigs’ environment, at least in or after potentially stressful situations.
Article ayant fait l’objet d’une actualité sur le site d’INRAE : Bien-être animal : humains, objets ou leurs congénères, les porcelets nous disent ce qu’ils préfèrent