Type de document : Article-interview publié dans La Recherche
Auteur : Romain Espinosa, interviewé par Axelle Playoust-Braure
Extrait : Malgré un fort consensus social sur l’importance du bien-être animal, les animaux n’ont jamais été autant exploités. Dans le domaine des sciences économiques, ils sont les grands oubliés, estime Romain Espinosa, économiste chargé de recherche au CNRS. Il consacre un livre à ce « paradoxe de l’exploitation animale » : Comment sauver les animaux ? Une économie de la condition animale (PUF). La Recherche l’a interrogé à l’occasion de la sortie de l’ouvrage.
[…] les économistes sont comme tous les chercheurs en sciences sociales : le reflet d’une époque. Ils sont sujets aux mêmes angles morts que le reste de la société et donc n’ont pas, jusqu’à très récemment, pris en compte les animaux dans leurs réflexions. C’est en train de changer. Voici trois ou quatre ans, lorsque je me suis lancé sur le sujet, nous étions très peu nombreux à nous y intéresser. Aujourd’hui, nous ne sommes plus isolés : il existe des réseaux de recherche et surtout, les articles de recherche sur les animaux commencent à être publiés dans de très bonnes revues en économie. L’économie est une discipline très pyramidale : ce qui arrive en haut de la pyramide sera très lu et aura beaucoup d’influence. Pour donner quelques exemples, Marc Fleurbaey, professeur à la Paris School of Economics, a publié en 2020 un article sur le bien-être animal dans l’une des meilleures revues mondiales, l’American Economic Journal. Olof Johansson-Stenman, économiste à l’université de Göteborg en Suède et actuellement dans les 5 % des économistes les plus cités, propose dans ses travaux d’inclure les animaux dans notre fonction de bien-être social. Avec Nicolas Treich, directeur de recherche en économie à l’Inrae, nous avons publié un article sur les ONG animalistes dans une des meilleures revues mondiales d’économie agricole, l’American Journal of Agricultural Economics. Beaucoup d’autres chercheurs travaillant sur le sujet arrivent à ce niveau de publication : c’est un très bon signe. De là à dire qu’il est aujourd’hui évident pour tous les économistes de parler de bien-être animal, non, nous n’en sommes clairement pas là. Mais une dynamique est à l’œuvre.[…]
les économistes sont comme tous les chercheurs en sciences sociales : le reflet d’une époque. Ils sont sujets aux mêmes angles morts que le reste de la société et donc n’ont pas, jusqu’à très récemment, pris en compte les animaux dans leurs réflexions. C’est en train de changer. Voici trois ou quatre ans, lorsque je me suis lancé sur le sujet, nous étions très peu nombreux à nous y intéresser. Aujourd’hui, nous ne sommes plus isolés : il existe des réseaux de recherche et surtout, les articles de recherche sur les animaux commencent à être publiés dans de très bonnes revues en économie. L’économie est une discipline très pyramidale : ce qui arrive en haut de la pyramide sera très lu et aura beaucoup d’influence. Pour donner quelques exemples, Marc Fleurbaey, professeur à la Paris School of Economics, a publié en 2020 un article sur le bien-être animal dans l’une des meilleures revues mondiales, l’American Economic Journal. Olof Johansson-Stenman, économiste à l’université de Göteborg en Suède et actuellement dans les 5 % des économistes les plus cités, propose dans ses travaux d’inclure les animaux dans notre fonction de bien-être social. Avec Nicolas Treich, directeur de recherche en économie à l’Inrae, nous avons publié un article sur les ONG animalistes dans une des meilleures revues mondiales d’économie agricole, l’American Journal of Agricultural Economics. Beaucoup d’autres chercheurs travaillant sur le sujet arrivent à ce niveau de publication : c’est un très bon signe. De là à dire qu’il est aujourd’hui évident pour tous les économistes de parler de bien-être animal, non, nous n’en sommes clairement pas là. Mais une dynamique est à l’œuvre.
Interview ayant donné lieu à un article paru dans Sciences et Avenir le 27 janvier 2021 : Les économistes s’intéressent au bien-être animal