Type de document : Article publié dans Réussir Bovins viande
Auteur : Sophie Bourgeois
Extrait : Pauline Garcia, éleveuse de 130 Salers dans le Cantal et comportementaliste animalière, applique sur le terrain des résultats de recherche et propose des formations. Elle pratique une approche qu’elle définit comme « la conduite positive du bovin » dans le but d’obtenir un troupeau calme et coopératif.
« Les interactions perçues négativement par les bovins et qu’il faut faire sont nombreuses — les soins divers, une piqûre ou l’application d’un spray, le bouclage du veau, le blocage au cornadis, le passage dans un couloir… — sans parler de l’intervention des personnes extérieures comme le vétérinaire ou l’inséminateur. Il faut préparer les animaux à cela », expliquait Pauline Garcia lors d’un webinaire gratuit organisé par Vétoquinol en décembre 2020. « Et les préparer consiste à diluer les interactions ‘négatives’ dans les interactions ‘positives’. »
Pour elle, ce n’est pas parce qu’on a à s’occuper d’un grand nombre d’animaux qu’on ne peut pas mettre en place certaines pratiques. « Dites-vous bien que vous êtes observés en permanence. Quand vous interagissez avec une vache, il y en a dix qui regardent et enregistrent ce qu’il se passe, le positif comme le négatif. C’est ce qu’on appelle la contagion émotionnelle. »
« Avant toute chose, il faut comprendre que toute vache a dans sa tête un ‘compte confiance’. » C’est la confiance qu’elle accorde à l’humain qui est au quotidien à ses côtés. Il s’agit de garder ce compte dans le positif, et si possible à un niveau élevé. « Ce sont les pratiques relationnelles faites au bon moment et régulièrement qui rechargent le ‘compte confiance’. Et l’éleveur a trois cartes à jouer pour ceci ». La première est la carte aliment. « C’est un pouvoir qu’on a entre les mains. » On peut en donner dans un seau ou à la main, mais il faut éviter l’excitation et c’est souvent ce qui se produit quand les vaches voient leur éleveur avec un seau. Pauline Garcia conseille de s’équiper d’un sac banane qui permet de garder les mains libres et d’avoir toujours sur soi un peu de nourriture. L’aliment doit être donné quand l’animal s’est bien comporté.
La deuxième carte que l’éleveur a à jouer est le grattage. Si le bovin est très tactile, le grattage par l’humain n’est pas inné et représente une habitude à instaurer dès le plus jeune âge. Gratter sur les points d’apaisement — à la base du garrot ou de la queue — est une récompense pour l’animal. Pauline Garcia utilise des gants à picots (du style gants de pansage pour chevaux) qui augmentent l’effet. La « carte grattage » elle aussi est à utiliser quand l’animal s’est bien comporté. Il y a souvent dans un lot celle qui insiste d’une manière plus ou moins brutale pour avoir du grattage dès que l’éleveur arrive. Il ne faut pas le lui donner à ce moment-là, pour ne pas renforcer ce comportement brutal, mais la faire reculer (video youtube) et attendre qu’elle soit calme pour la gratter.
Et la troisième carte est de savoir relâcher la pression quand elle devient trop forte pour la vache. C’est tout simplement savoir reculer, ralentir, ou attendre, dès que l’animal a des postures de vigilance, avec la tête très haute et se met à souffler.