Type de document : Article scientifique sous presse dans Animal
Auteurs : R. Albernaz-Gonçalves, G. Olmos, M.J. Hötzel
Résumé en français (traduction) : Mes porcs vont bien, pourquoi changer ? – témoignages d’éleveurs de porcs sur le bien-être des animaux
Les systèmes de production porcine intensive sont une source de stress, liée à la réduction du bien-être des animaux et à l’utilisation accrue d’antimicrobiens. En tant que garants du bien-être des animaux dont ils ont la charge, les éleveurs sont considérés comme les acteurs responsables de l’amélioration du bien-être des animaux. L’objectif de cette étude était d’explorer les connaissances et les attitudes des éleveurs de porcs à l’égard du bien-être des animaux et l’impact de ces attitudes sur leur choix de stratégies de gestion de l’exploitation. Nous avons mené des entretiens semi-directifs approfondis avec 44 éleveurs de porcs dans l’une des principales régions productrices de porcs du Brésil. Les entretiens ont porté sur les connaissances et les attitudes à l’égard de la sensibilité et du comportement des porcs et des questions liées au bien-être des porcs couramment observées dans les élevages intensifs de porcs (belly-nosing, bagarres, morsures de queue, diarrhée et castration sans contrôle de la douleur) ainsi que sur la conception et les attitudes des éleveurs à l’égard du bien-être des porcs. Nous avons identifié de nombreux indicateurs de mauvaise gestion et d’atteinte au bien-être des animaux, tels que le recours à des pratiques de gestion douloureuses et stressantes et l’utilisation d’environnements qui limitent l’expression des comportements naturels. Cependant, la plupart des éleveurs étaient satisfaits des normes de bien-être animal dans leurs exploitations. Les perceptions des éleveurs correspondent à leur compréhension du bien-être des animaux. Bien qu’ils aient identifié toutes les dimensions qui ont un impact sur le bien-être d’un porc dans une ferme (affect, fonctionnement biologique et naturel), leur réalité sociale, les demandes de l’industrie et les conseils disponibles les ont poussés à considérer que leur champ d’action se limitait aux aspects biologiques et environnementaux des animaux qui ne profitent pas nécessairement à l’état affectif. Cela a empêché les éleveurs d’établir des associations entre la bonne santé et la capacité de l’animal à exprimer un répertoire comportemental complet, ainsi que de considérer les comportements anormaux comme des problèmes. Les conséquences négatives pour le bien-être des animaux étaient généralement atténuées par des routines qui reposaient sur l’utilisation constante de médicaments, y compris une forte dépendance aux antibiotiques. Les participants ont souvent exprimé leur éloignement de la chaîne de production. Cela suggère que les éleveurs ne sont peut-être pas suffisamment informés ou engagés pour répondre aux attentes des consommateurs et aux engagements pris par les entreprises, ce qui peut représenter un risque économique grave pour les éleveurs. Les résultats de cette étude indiquent que des facteurs économiques, techniques et sociaux limitent l’autonomie des éleveurs et leur capacité à jouer leur rôle de gardiens du bien-être des animaux. La (re)connexion des différents intérêts humains, animaux et environnementaux peut être une étape vers le changement de ce scénario.
Résumé en anglais (original) : Intensive pig production systems are a source of stress, which is linked to reduced animal welfare and increased antimicrobial use. As the gatekeepers of the welfare of the animals under their care, farmers are seen as the stakeholder responsible for improving animal welfare. The aim of this study was to explore the knowledge and attitudes of pig farmers towards pig welfare and the impact of such attitudes on farmers’ selection of management strategies on the farm. We conducted in-depth semi-structured interviews with 44 pig farmers in one of the main pig producing regions of Brazil. Interviews covered knowledge and attitudes towards pig sentience and behaviour and welfare-related issues commonly observed in intensive pig farms (belly-nosing, fights, tail-biting, diarrhoea and castration without pain control) and farmers’ conception and attitudes towards pig welfare. We identified many management and animal-based indicators of poor welfare, such as the use of painful and stressful management practices and use of environments that limit the expression of natural behaviours. However, most farmers were satisfied with animal welfare standards at their farms. Farmers’ perceptions are aligned with their understanding of animal welfare. Although they identified all the dimensions that impact the welfare of a pig on a farm (affect, biological functioning and naturalness), their social reality, industry demands and available advice pushed them to perceive their range of action limited to biological and environmental aspects of the animals that do not necessarily benefit affective state. This precluded farmers from making associations between good health and the animal’s ability to express a full behavioural repertoire, as well as from viewing abnormal behaviours as problems. The negative consequences for the welfare of the animals were commonly alleviated by routines that relied on constant use of medication, including high dependence on antibiotics. Expressions of estrangement from the production chain were common voices among the participants. This suggests that farmers may not be sufficiently informed or engaged in responding to consumers’ expectations and commitments made by companies, which can pose a severe economic risk for farmers. The findings of this study indicate that economic, technical and social factors restrict farmers’ autonomy and their ability to perform their role as stewards of animal welfare. (Re)connecting different human, animal and environmental interests may be a step to changing this scenario.