Type de document : Revue scientifique publiée dans Sustainability
Auteur : Philipp Aerni
Résumé en français (traduction) : L’éthique de la biotechnologie des animaux de ferme d’un point de vue anthropologique
Au cours des 11 000 dernières années, les humains ont domestiqué un large éventail d’animaux à des fins diverses, pour servir l’économie, la société et les activités religieuses humaines. La dépendance mutuelle qui en résulte entre les humains et leurs partenaires domestiques a créé des environnements anthropogéniques conçus pour soutenir et protéger leurs membres. Dans cet article, nous passons en revue la littérature sur les dernières découvertes de la recherche anthropologique interdisciplinaire sur l’évolution de la domestication et de l’élevage des animaux et nous les plaçons dans le contexte du débat éthique contemporain sur le bien-être animal et l’application de la biotechnologie moderne à l’élevage. Les opposants à l’utilisation de la biotechnologie animale ont tendance à considérer les éleveurs comme des facilitateurs de l’agriculture industrielle qui rechercheraient des avantages commerciaux sélectifs au détriment de l’environnement et du bien-être des animaux. Toutefois, de nombreuses applications de la biotechnologie animale peuvent également contribuer à répondre efficacement aux préoccupations en matière d’environnement et de bien-être animal. En outre, les résultats de recherches archéologiques et génétiques récentes sur l’histoire de la domestication des animaux révèlent un type particulier de mutualisme dans la relation homme-animal, basé sur un processus de co-évolution graduelle, avec des avantages évidents pour les deux parties de la relation. Ces observations remettent en question le récit néo-darwinien populaire d’une adaptation unilatérale ne profitant qu’à la partie la plus puissante. Au contraire, elles soutiennent l’hypothèse selon laquelle les humains ne se contentent pas de s’adapter, mais façonnent activement l’environnement par la construction d’une niche culturelle qui implique également le soin et la protection des animaux domestiqués. Ces résultats empiriques devraient également être pris en compte dans le débat éthique contemporain sur le bien-être animal, qui s’est de plus en plus éloigné des efforts réels visant à améliorer le bien-être animal par le biais de meilleures pratiques.
Résumé en anglais (original) : Over the past 11,000 years, humans have domesticated a wide range of animals for different purposes designed to serve the human economy, society, and religious activities. The resulting mutual dependence between humans and their domestic partners created anthropogenic landscapes designed to sustain and protect their members. In this paper, we review the literature on the latest insights in interdisciplinary anthropological research on the evolution of animal domestication and breeding and put them in the context of the contemporary ethical debate on animal welfare and the application of modern biotechnology to animal breeding. Opponents of the use of animal biotechnology tend to see breeders often as enablers of industrial farming that would seek selective business advantage at the expense of the environment and animal welfare. Many applications of animal biotechnology may, however, also help to address environmental and animal welfare concerns in an effective way. Moreover, recent archeological and genetic research findings on the history of animal domestication reveal a distinctive kind of mutualism in the human–animal relationship based on a gradual co-evolutionary process with clear benefits for both parties in the relationship. These insights challenge the popular Neo-Darwinian account of unilateral adaptation only benefiting the more powerful party. Instead, they support the hypothesis that humans do not just adapt, but actively shape the environment through cultural niche construction (CNC) that also involves care and protection for domesticated animals. These empirical findings should also be taken into account in the contemporary ethical debate on animal welfare, which has become increasingly detached from the real-world efforts to improve animal welfare through best practices.