Type de document : Article publié dans Réussir Porc
Auteur : Dominique Poilvet
Extrait : Depuis 2018, Dominique Marchand accompagne les éleveurs qui enlèvent les cloisons entre les cases de maternité pour permettre aux porcelets de se mélanger. L’objectif initial était de les sociabiliser avant le sevrage en favorisant les contacts précoces entre les portées, et réduire ainsi les comportements de peur d’agressivité et les risques de blessures lors de la mise en groupe du sevrage. Une telle mesure demandait cependant un accompagnement approfondi, afin de mesurer toutes ses conséquences, d’un point de vue économique, comportemental et surtout sanitaire. « Nous avons encore en tête les recommandations de François Madec de l’Afssa Ploufragan pour mieux maîtriser la Map, parmi lesquelles le non-mélange de lots était une mesure majeure », souligne le vétérinaire. Mais ces préconisations étaient destinées aux animaux en post-sevrage et en engraissement. La maternité n’était pas concernée. Ensuite, quel serait le comportement des truies en présence de porcelets d’autres portées ? Les allaitements seraient-ils perturbés ? Le suivi des porcelets serait-il possible ? Comment se comporteraient-ils au sevrage ?
Grâce au travail réalisé par Dominique Marchand et ses collègues du Réseau cristal, toutes ces questions ont désormais une réponse. Et le bilan est particulièrement positif, si on en croit une enquête réalisée auprès de dix-huit éleveurs ayant testé la sociabilisation des porcelets. Dix d’entre eux sont pleinement satisfaits. Ils relèvent des poids de sevrage plus élevés et des lots plus homogènes, de meilleures consommations alimentaires, moins de traitements antibiotiques et un gain de temps important au sevrage. Six autres sont globalement satisfaits mais ont connu des difficultés dans la mise en œuvre de la technique. « Seulement deux éleveurs ont arrêté la sociabilisation », constate le vétérinaire. Les raisons de ces arrêts sont d’ordre sanitaire (présence de diarrhée), organisationnel (alimentation manuelle des truies avec un chariot déplacé dans le couloir) et aussi pour des raisons de pratique dans les grands élevages. Une majorité d’entre eux (9 éleveurs) enlèvent les cloisons entre les cases entre 7 et 10 jours après les mises bas, et six éleveurs le font entre 10 et 12 jours de vie. « Il n’y a pas de différence de comportement des animaux selon la date d’enlèvement des cloisons. Nous conseillons cependant de ne pas ouvrir avant une semaine s’il y a des diarrhées », souligne Dominique Marchand.