Type de document : Article publié dans Le Monde (partiellement libre d’accès)
Auteur : Pauline Gensel
Extrait : Depuis le début de la crise sanitaire, de nombreux Français ont fait le choix d’accueillir un animal de compagnie. Mais bon nombre de ces bêtes peuplent aujourd’hui les refuges des associations, qui sont à saturation depuis début juin.
L’été, le soleil, les départs en vacances, les abandons. Chaque année, l’histoire se répète : les associations de protection animale enregistrent un pic dans le nombre d’animaux qu’elles recueillent. Et cet été, les chiffres d’admission battent tous les records. Depuis le 1er mai, 10 600 animaux abandonnés ont été recueillis par la Société protectrice des animaux (SPA), soit 7 % de plus qu’en 2019 sur la même période.
Avec près de 7 500 pensionnaires, les refuges de l’association sont au maximum de leurs capacités depuis le 1er juin, alors qu’ils sont habituellement saturés à partir du dernier week-end de juillet. L’une des causes de cette augmentation : l’attrait pour les animaux de compagnie durant les confinements qui se sont succédé.
Remède à l’isolement forcé, moyen de combler un manque d’affection et de compagnie… Les confinements ont fait naître, chez certains, l’envie d’adopter un compagnon à poils ou à plumes. Une décision parfois prise sous le coup de l’émotion, sans véritable compréhension de l’investissement qu’implique l’arrivée d’un animal dans un foyer. « Certains se sont laissé aller à l’achat compulsif, notamment dans les animaleries », déplore Daniel Meyssonnier, président du refuge des Baux-de-Provence (Bouches-du-Rhône) et administrateur du Syndicat national des professions du chien et du chat :
« On passe devant un chiot, on se dit qu’il est mignon, notre enfant nous supplie de le prendre. On craque, et au bout de six mois, on s’aperçoit que c’est compliqué, que ce n’est pas l’enfant qui va s’occuper du chien mais bien les parents. Et on finit par abandonner l’animal. »
Changements comportementaux
Accueillir un animal de compagnie n’est déjà pas de tout repos en temps normal. Le confinement est venu ajouter son lot de difficultés : maîtres et animaux ont dû apprendre à vivre en étroite proximité, et ce tout au long de la journée. Elisabeth, qui souhaite rester anonyme, éducatrice comportementaliste canine diplômée d’État à Lyon, a suivi plusieurs chiens au cours de ces confinements successifs. « Ils étaient plus stressés, plus anxieux, détaille-t-elle. Ceux qui étaient habitués à être seuls ont dû s’adapter à la présence de leurs maîtres, aux bruits, aux enfants qui n’étaient plus à l’école… » Le déconfinement et la fin du télétravail ont, là encore, demandé un effort d’adaptation. « Pour certains, c’était vraiment très compliqué, il a parfois fallu passer par des médicaments, des thérapies comportementales… » [suite de l’article réservée aux abonnés]