Type de document : Article publié dans Ouest France
Auteur : Franck Jourdain
Extrait : Les connaissances en matière de bien-être animal se diffusent dans l’enseignement agricole. Une méthode douce pour que les apprenants changent leur approche envers les animaux.
Enseigner le bien-être animal revient à mettre de l’éthique dans la façon de conduire les animaux d’élevage. Cette notion fait partie intégrante du métier d’éleveur… et d’enseignant en agriculture. « Cette idée n’est pas nouvelle, confirme Joël Rigal, inspecteur pédagogique en productions animales à la Direction générale de l’enseignement rural (DGER) au ministère de l’Alimentation, l’Agriculture et la Forêt. Le bien-être se limitait auparavant à la douleur de l’animal, il désigne maintenant le One Welfare, un seul bien- être pour l’animal, l’homme et l’environnement. »
« Un fil rouge que l’on retrouve dans tous les modules »
En une quinzaine d’années, le bien-être animal dans l’enseignement agricole n’a cessé d’évoluer au gré des connaissances nouvelles. Les concepteurs des programmes ont pris soin de ne pas en faire une discipline, mais plutôt « un fil rouge que l’on retrouve dans tous les modules : en alimentation, pathologies, génétique, santé, etc. », poursuit Joël Rigal. Aujourd’hui, dans les écoles des futurs enseignants en agriculture, « on les sensibilise au concept de bien-être animal, à la vision d’éthologues (spécialistes du comportement animal N.D.L.R.), de sociologues, de vétérinaires sur le sujet, et à la manière de transférer ces connaissances aux apprenants ».
Toutes ces connaissances sur le bien-être des animaux d’élevage n’ont rien d’évident. Mais pour ceux qui ont vécu toute leur enfance dans la cour d’une ferme comme ceux, de plus en plus nombreux, qui ne sont pas issus du monde agricole, ces informations sont importantes pour leurs pratiques futures.
Dans le lycée agricole de Caulnes (Côtes-d’Armor), Raphaël Vermeil de Conchard, enseignant en BTS PA (Productions animales) et ACSE (Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise) en alternance, a jugé nécessaire de bâtir un module de formation appelé « Agriculture et société » (huit heures) pour « présenter le contexte sociétal et scientifique du bien-être animal ».
Il s’est nourri d’écrits universitaires et des connaissances d’un Mooc (Massive open online course – Cours de neuf heures en ligne) qu’il a suivi sur le sujet. Dans l’enseignement d’un thème aussi sensible et parfois clivant, « il faut veiller à ne pas être stigmatisant sur les pratiques des parents, maîtres de stages ou tuteurs », souligne Joël Rigal. Les travaux sur la manière de diffuser les meilleures pratiques du bien-être se poursuivent, notamment dans le Réseau mixte technologique (RMT One Welfare) qui comprend un volet enseignement. Il est par ailleurs envisagé, dans le futur, de mettre en place une formation continue pour les éleveurs en activité, sous l’impulsion du ministère de l’Agriculture.