Type de document : Article publié dans Le Paysan breton
Auteur : Bernard Laurent
Extrait : L’élevage de mâles entiers en Espagne ne freine pas l’exportation de viande. L’arrêt de la castration à vif n’est pas un sujet. Les Hollandais, qui exportent des porcelets, souhaiteraient une harmonisation des pratiques en UE.
L’âge à l’abattage et la génétique, clés de la non-castration
Kiko Aberia, (groupe Vall Companys), Espagne : En 15 ans, nous sommes passés d’un poids moyen de carcasse de 79 kg à 89 kg à l’abattage dans notre entreprise qui produit 5 millions de porcs par an. Dans le même temps, l’âge à l’abattage a avancé de 25 jours. Or, c’est l’âge qui compte pour la maturité sexuelle, plus que le poids. Nous n’avons donc pas de risque d’odeurs grâce à cette amélioration permise par la génétique. Nos porcs sont également mieux alimentés ; ils produisent moins de gras, qui porte les odeurs. En élevages standards (2 500 truies), nous élevons les mâles et les femelles dans des salles différentes. Il n’y a pas de contacts entre les deux sexes, ce qui freine la maturité sexuelle. Les départs d’une bande à l’abattoir se font de la manière suivante : un premier départ de mâles puis le gros de la bande et enfin les dernières femelles. Nous ne détectons pas les odeurs en abattoir. Certains de nos clients demandent de la viande de femelles mais la viande de mâles entiers s’écoule facilement. Nous l’utilisons même en production de jambons secs, vendus en entrée de gamme (prix deux fois inférieur au haut de gamme). Pour le haut de gamme, nous utilisons la race Duroc, moins maigre que la Piétrain. À l’export, sur l’Asie, ce n’est pas un sujet, même sur les poitrines. Au niveau technologique (déstructuration des viandes), nous ne notons pas de différence entre les mâles et les femelles.
L’objectif est d’élever des mâles entiers mais…
Frans Van Dongen, (association nationale abatteurs, transformateurs, exportateurs), Pays-Bas : La castration sous anesthésie n’est que transitoire. Elle se pratique au CO2, avec des aides financières pour les éleveurs (contrats et export de porcelets vers l’Allemagne). L’objectif est d’élever des mâles entiers (près de 70 % actuellement) même s’il y a encore des obstacles : odeurs, pratiques différentes dans l’Union européenne, qualité inadaptée à certains marchés. Nous avons eu des problèmes sur le marché italien avec des jambons de mâles entiers.
Sur ce débouché, nous castrons donc actuellement en rémunérant les éleveurs pour cela. Les distributeurs, aux Pays-Bas, demandent de la viande de mâles entiers car la castration ne respecte pas le label Beter Leven (mieux vivre) de bien-être animal (surtout en viandes fraîches). Les contrôles d’odeurs ont lieu dans les abattoirs. En même temps, tous les consommateurs ne sont pas sensibilisés à ce label, ce qui limite paradoxalement la progression de l’élevage de mâles entiers.