Type de document : Article publié dans Le Monde (Edition abonnés)
Auteur : Denis Cosnard
Extrait : A six mois de l’élection présidentielle, l’association essaie de faire avancer la cause animale.
L’idée vient de Robert Badinter. « Il faudrait créer un Défenseur des droits des animaux », avait suggéré l’ancien ministre de la justice (1981-1986) en concluant un colloque de la Fondation droit animal, en 2019. « Ecrire des lois, rendre des décisions, tenir des colloques, formuler des codes, c’est bien, argumentait-il. Mais seule une autorité indépendante est de nature à permettre d’étendre la protection, la sauvegarde nécessaire des animaux », afin que leurs « droits fondamentaux » soient « respectés dans la réalité ».
Deux ans plus tard, Jacques-Charles Fombonne, le président de la Société protectrice des animaux (SPA), reprend la proposition à son compte. « Oui, il faut instaurer un Défenseur des droits des animaux, comme il en existe un pour les droits humains », plaide auprès du Monde l’ancien général de gendarmerie, désormais à la tête de la principale association française de protection animale. Nommé pour un mandat unique par le président de la République, comme la Défenseure des droits, Claire Hédon, ce responsable indépendant disposerait de pouvoirs administratifs, et alerterait les pouvoirs publics. « Il pourrait dire, par exemple : “Monsieur le président, l’importation et la vente de chiens de Roumanie, c’est indigne. Voici comment bloquer le phénomène” », imagine Jacques-Charles Fombonne.
Avant lui, un groupe de députés a notamment planché sur les contours que pourrait prendre un tel poste. L’élu La République en marche des Alpes-Maritimes Loïc Dombreval l’avait détaillé dans un rapport remis en 2020 au gouvernement, ainsi que dans une proposition de loi déposée en juillet avec d’autres parlementaires de la majorité.
A six mois de l’élection présidentielle, le patron de la SPA veut profiter de la campagne pour faire avancer la cause animale. « Quelque 2 % à 3 % des électeurs se détermineront sans doute en fonction de ce sujet, évalue-t-il. Donc ça compte. » Aux élections européennes de 2019, la liste du Parti animaliste avait recueilli 2,1 % des suffrages, soit presque autant que celles de l’UDI et des communistes.
Un accord « inespéré »
Au-delà du Défenseur des droits animaux, la SPA souhaiterait que les candidats à la présidentielle se saisissent de ses autres propositions, comme l’interdiction de la vente d’animaux dans les animaleries et sur Internet, la fin de la tauromachie ou encore l’arrêt des abattages rituels tels qu’ils sont pratiqués aujourd’hui. Pour l’heure, l’association éprouve quelques difficultés à se faire entendre. Dans son combat contre la corrida, elle a ainsi assigné en justice cinq des principales villes taurines, en vain. (fin de la partie accessible sans abonnement)