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Ethique-sociologie-philosophie-droit

Martin’s Act at 200 — Reflecting on the First Animal Welfare Law

By 22 juillet 2022septembre 21st, 2022No Comments

Type de document : article publié dans Sentient Media

Auteurs : Kim Stallwood, Martine Rowe

Extrait en français (traduction) : Les 200 ans de la loi – Réflexion sur la première loi sur le bien-être animal
Il y a deux siècles, le 22 juillet 1822 pour être précis, Richard Martin apprenait que le roi George IV avait signé la loi intitulée An Act to Prevent the Cruel and Improper Treatment of Cattle. Ce parlementaire britannique, né à Galway et surnommé « Humanity Dick » par le roi, est entré dans l’histoire comme l’auteur de la première loi sur le bien-être animal dans une démocratie moderne.


Pour le meilleur et pour le pire, la loi a posé un nouveau jalon dans la législation sur le bien-être des animaux. Parce que la loi prenait en compte certains animaux mais pas d’autres, elle ne bouleversait pas les raisons pour lesquelles les animaux étaient exploités. En fait, la loi a codifié cette exploitation. Pourtant, elle était aussi la reconnaissance nécessaire du fait que l’on ne pouvait pas faire ce que l’on voulait avec les animaux que l’on possédait, ce qui était une idée radicale il y a deux siècles. […]L’adoption de la loi a été galvanisante. […] Cependant, la loi Martin avait une portée limitée. Elle visait à réduire les souffrances cruelles et inutiles infligées aux bovins, aux chevaux et aux moutons, mais n’empêchait pas leur utilisation habituelle et ne remettait pas en question le fait qu’ils devaient être utilisés pour le travail ou mangés. Elle ne protégeait pas les oiseaux, que Martin (le plus grand propriétaire terrien d’Irlande) aimait tirer, ni les animaux qui étaient chassés, ce que Martin faisait avec délectation. 


Même si Martin et d’autres aristocrates voulaient que les activités de loisir de la classe ouvrière urbaine, comme l’appâtage des ours ou les combats de chiens, soient interdites parce qu’ils craignaient qu’elles ne corrompent les mœurs, ils voulaient que les « sports » qu’ils appréciaient (les courses de chevaux, la chasse au renard, le tir et la pêche, entre autres) restent relativement peu réglementés. […]Au cours des années qui lui restent à siéger au Parlement, Humanity Dick tente d’interdire la chasse à l’ours et au blaireau, de mettre fin aux combats de chiens, de réglementer le traitement des chevaux en attente d’abattage et d’étendre sa loi aux chiens, chats, singes et autres animaux. Ces projets, ainsi que tous les autres projets de loi sur le bien-être qu’il a présentés, ont échoué. Nombre d’entre eux étaient considérés comme ne relevant pas de la compétence des parlementaires. 
Néanmoins, c’était le travail de la démocratie : persuader les gens que les animaux sont importants et qu’ils méritent d’avoir des droits indépendants de leur utilité pour nous. 
Notre tâche, aux États-Unis et au Royaume-Uni, est de poursuivre ce travail : faire en sorte que les défenseurs du bien-être des animaux plaident au sein de tous les grands partis politiques […]. La mobilisation des sciences naturelles, des sciences sociales et des sciences humaines en faveur d’un changement législatif offre une approche multidimensionnelle des droits des animaux.
Il y a des raisons d’espérer. Au cours des dernières décennies, les éthologues ont démontré la profondeur et l’étendue de la cognition, de la socialité et de la sensibilité des animaux, y compris chez des animaux comme les poissons, les pieuvres, les crustacés et même les insectes, dont on pensait auparavant qu’ils n’en possédaient aucune. Attribuer un pronom personnel à un animal (comme nous le faisons ici) ne semble plus bizarre. Sur le plan législatif, le U.K. Animal Welfare (Sentience) Act, adopté en avril de cette année, reconnaît que les animaux ont des souhaits, des besoins et des désirs […].


Notre vision des trois prochaines décennies est mitigée. Il se peut que, lorsque nous découvrirons que les robots ont des sentiments, nous reconsidérerons notre impitoyable manipulation d’êtres faits de chair et de sang, comme nous. La mise au point de substituts de viande à base de plantes, de champignons ou de cultures pourrait réduire l’exploitation des animaux, tout comme le moteur à combustion l’a fait pour les chevaux. L’aggravation de la crise climatique et l’impact considérable de l’agriculture animale sur celle-ci pourraient nous obliger à réorienter les ressources en nourriture, en eau et en terre pour nourrir les gens plutôt que d’élever des animaux ou des matières premières, ou de détruire la biodiversité. La mise en évidence par le COVID de la propagation croissante des zoonoses, de la résistance antimicrobienne due à l’utilisation non thérapeutique des antibiotiques et du traitement sans pitié des humains et des animaux dans les abattoirs industriels peut conduire à une plus grande prise de conscience de la façon dont l’exploitation animale est une catastrophe de santé publique, ainsi qu’un désastre écologique.

Extrait en anglais (original) : Two centuries ago, on July 22, 1822 to be precise, Richard Martin learned that King George IV had signed into law An Act to Prevent the Cruel and Improper Treatment of Cattle. The Galway-born U.K. parliamentarian, called “Humanity Dick” by the king, went down in history as the sponsor of the first animal welfare legislation in a modern democracy.
For good and for ill, the law laid down a new marker for animal welfare legislation. Because the Act considered some animals but not others, it didn’t disrupt the reasons why animals were exploited. In essence, the Act codified that exploitation. Yet it was also a necessary recognition that you couldn’t just do what you wanted with the animals you owned, which was a radical idea two centuries ago. […]The Act’s passage was galvanizing. […] Yet Martin’s Act was limited in scope. It sought to reduce cruel and unnecessary suffering for cattle, horses and sheep, but didn’t inhibit their customary use or question whether they should be worked or eaten at all. It didn’t protect birds, whom Martin (the largest landowner in Ireland) liked to shoot, or animals who were hunted, which Martin did with relish. 
Even though Martin and other aristocrats wanted the leisure activities of the urban working-class, like bear-baiting or dog-fighting, banned because they feared they corrupted their morals, they wanted the “sports” they valued (horse-racing, foxhunting, shooting, and fishing among them) to remain relatively unregulated. […] 
In his remaining years in parliament, Humanity Dick tried to ban bear- and badgerbaiting, end dog fights, regulate the treatment of horses awaiting slaughter, and extend his Act to dogs, cats, monkeys, and other animals. These, and all the other welfare bills he introduced, failed. Many were considered beneath the proper concern of parliamentarians. 
Nonetheless, his was the work of democracy: to persuade people that animals mattered, and that they deserved to have some rights independent of their utility to us
Our task in the U.S. and U.K. is to continue that work: to ensure that advocates argue for animals’ welfare within all major political parties […]. Galvanizing the natural sciences, social sciences, and the humanities on behalf of legislative change offers a multipronged approach to animal rights.
There’s reason for some hope. In the last several decades, ethologists have demonstrated the depth and breadth of animal cognition, sociality and sentience, including with creatures—like fishes, octopuses, crustaceans, and even insects—once assumed to possess none. To assign a personal pronoun to an animal (as we do here) no longer seems weird. Legislatively, the U.K. Animal Welfare (Sentience) Act, passed in April this year, recognizes that animals have wishes, needs and desires […].
Our view of the next three decades is mixed. It may be that when we discover robots have feelings, we’ll reconsider our ruthless manipulation of beings made of flesh and blood, like us. Further development of plant-, fungal-, or cultivated-meat substitutes may curtail animal exploitation, just as the combustion engine did with horse power. The deepening climate crisis, and animal agriculture’s outsized impact on it, may force us to redirect food, water, and land toward nourishing people rather than raising animals or feedstock, or destroying biodiversity. COVID’s unmasking of the increasing spread of zoonotic diseases, antimicrobial resistance due to nontherapeutic antibiotic use, and the heartless treatment of humans and animals in industrial slaughterhouses may lead to greater awareness of how animal exploitation is a public health catastrophe, as well as an ecological disaster.

Extrait du site de Sentient Media