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Rentrée universitaire : et si vous étudiez… les animaux

By 4 septembre 2022septembre 13th, 2022No Comments

Type de document : article publié dans Le Parisien

Auteur : Axelle Playoust-Braure 

Extrait : De plus en plus de formations en lien avec le droit ou l’éthique animalière sont proposées en France, alors que les « animal studies» se multiplient – discrètement – dans le champ de la recherche scientifique.
Droit animalier, éthique ou sciences vétérinaires : de plus en plus de jeunes choisissent de s’engager dans une voie professionnelle au service de la cause animale. Campus animaliste, association de jeunesse du Parti animaliste, a même produit un recueil des formations touchant de près ou de loin à ce sujet. Margaux, 27 ans, a jeté son dévolu sur le Master en éthique de l’université de Strasbourg. Celui-ci propose une spécialisation en éthique animale depuis 2015. Au programme, de l’éthologie (science du comportement animal), de la philosophie ou encore de l’économie et gestion de la faune, le tout complété par deux stages, de 2 et 6 mois. « Je vais enfin avoir le temps de lire tous les classiques en éthique animale et en droit animalier ! Je prévois ensuite d’utiliser ces connaissances dans le domaine du journalisme, de la politique ou de la recherche universitaire… Je n’ai pas encore décidé. »


De nouveaux métiers en lien avec la cause animale
Autre formation résolument pluridisciplinaire, le diplôme universitaire « Animaux et société » de l’université Rennes 2 accueillera sa quatrième promotion dans quelques semaines. D’une durée de 77 heures, réparties sur plusieurs mois, il s’adresse surtout aux professionnels souhaitant ajouter une compétence autour de la condition animale à leur poste. « On reçoit des candidatures de juristes, d’enseignants, de personnes du domaine de la culture, du documentaire animalier, de l’édition… C’est très varié, explique Émilie Dardenne, maîtresse de conférence et responsable du diplôme. Depuis 2017, il y a de plus en plus d’élus à la condition animale dans les villes, le champ de la protection animale continue de se professionnaliser et de recruter… Sans compter que la loi contre la maltraitance animale de 2021 introduit l’obligation, pour les enseignants d’éducation morale et civique, de sensibiliser au respect des animaux de compagnie. Tout cela crée un besoin de formation inédit, auquel l’Université devrait pouvoir répondre. »


L’arrivée des études animales en France
La formation rennaise s’inscrit dans un domaine de recherche et d’enseignement encore discret en France : les « études animales ». Dans le monde anglophone, ce champ s’institutionnalise dès les années 90, via l’organisation de colloques et la publication de revues scientifiques, comme Society and Animals, Humanimalia ou le Journal for Critical Animal Studies. En France, il y a bien les Cahiers antispécistes, qui, dès 1991, diffusent « des informations et analyses susceptibles de nourrir la réflexion sur la condition animale ». Cette revue jouera un rôle déterminant pour le mouvement antispéciste français, mais évoluera en marge du milieu universitaire jusqu’à sa fin de parution, en 2019. Pour Jérôme Michalon, chercheur en sociologie au CNRS, les études animales sont un bon exemple du phénomène des « studies ». « Ancrés dans les sciences sociales, les studies sont des domaines de recherche qui adoptent une posture plus ou moins engagée à l’égard de leur objet – à l’image des études sur le genre, le handicap ou encore le racisme. » La communauté académique des studies a le souci de produire un savoir qui soit utile aux militants, voire aux objets de recherche eux-mêmes. « Dans le cas des études animales, ce souci se traduit notamment par le rejet de l’anthropocentrisme. L’idée est que la description de la réalité n’est pas complète sans la prise en compte du point de vue des animaux et de leurs intérêts. »


Montrer patte blanche
Prendre au sérieux les animaux comme objets d’étude scientifique engendre de nouvelles questions de recherche : « Sont investiguées les pratiques d’abattage des animaux d’élevage, les euthanasies dans les refuges de protection animale, les cliniques vétérinaires ou les laboratoires d’expérimentation animale : la mort animale prend une place très importante », observe Jérôme Michalon dans un article de sociologie des sciences proposant une généalogie des études animales. « Et quand on fait le bilan, on se rend compte qu’effectivement, cet intérêt social pour la cause animale produit du savoir nouveau. » Mais cette porosité entre enjeux scientifiques et militantisme pro-animaux n’est pas du goût de tout le monde. « Depuis que j’ai investi ce champ, je subis, avec d’autres collègues, une pression de lobbies agroalimentaires et de certains acteurs politiques, rapporte Émilie Dardenne, également autrice d’une Introduction aux études animales (PUF, 2020). On doit systématiquement montrer patte blanche. Finalement, on en est au point où étaient les premières chercheuses féministes, qui devaient justifier pourquoi elles parlaient de la question des droits des femmes. » Pour celles et ceux qui souhaitent acquérir des connaissances sur la question animale à domicile, l’Université Virtuelle Environnement & Développement durable propose un cours en ligne « Vivre avec les autres animaux ». Gratuit, celui-ci demande 2 à 3 heures de travail hebdomadaire, pendant trois semaines.

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Extrait du site du Parisien