Type de document : actualité de Swissinfo
Auteur : Emilie Ridard
Extrait : Le peuple suisse a refusé dimanche l’initiative sur l’élevage intensif qui voulait inscrire la protection de la dignité des animaux dans la Constitution helvétique. La majorité des citoyens et citoyennes a considéré que la législation actuelle était déjà suffisamment stricte.
Les résultats des votations de ce dimanche ont confirmé la tendance des derniers sondages: les Suisses rejettent à près de 63% l’initiative qui demandait d’interdire l’élevage intensif. Une majorité des cantons la refuse aussi. La double-majorité peuple-cantons étant nécessaire, l’initiative est donc refusée.
Contrairement aux autres objets en votation, celui-ci n’a pas provoqué le traditionnel Röstigraben : l’écrasante majorité des régions a voté non, que ce soit en Suisse romande, alémanique ou au Tessin. Seul le canton de Bâle-Ville a accepté le texte contre l’élevage intensif à 55,2%.
Le clivage ville-campagne, habituel lors de projets de politique agraire, s’est fait sentir, mais dans une mesure moindre que lors de précédentes votations, si l’on en croit les sondages réalisés avant le vote.
Le texte, soutenu par des associations antispécistes et de défense des animaux, voulait inscrire dans la Constitution suisse la protection de la dignité des animaux de rente et l’interdiction de l’élevage intensif. Il prévoyait aussi que, d’ici 25 ans, les exigences en matière de bien-être du bétail et de la volaille atteignent au moins les standards 2018 du label Bio Suisse. Ces critères auraient également été valables pour les importations d’animaux et de produits d’origine animale.
Sur Twitter, le comité d’initiative déplore avoir manqué une opportunité, mais assure vouloir se « battre pour une Suisse sans élevage intensif ».
Le principal argument qui a fait mouche auprès de la population a été celui de la sévérité de la Loi fédérale sur la protection des animaux déjà en vigueur, l’une des plus strictes au monde.
Celle-ci prévoit que toute personne qui s’occupe d’animaux doit tenir compte au mieux de leurs besoins, veiller à leur bien-être et ne pas porter atteinte à leur dignité. Elle fixe des dimensions minimales pour les espaces de vie des animaux et réglemente aussi la formation des éleveuses et éleveurs, l’alimentation et les conditions de transport. […]
Crainte de la hausse des coûts
Durant la campagne, les opposantes et opposants au texte ont mis en garde contre une hausse des coûts qui se répercuterait sur les consommatrices et consommateurs. Ils craignaient que cela n’encourage plus encore le tourisme d’achat et l’importation de viande et d’œufs depuis l’étranger. […]
Un débat environnemental sous-jacent
Si l’éthique et le bien-être animal étaient l’objectif déclaré de l’initiative, l’environnement n’a jamais été loin du débat. Après un été marqué par la sécheresse, les militantes et militants ont vu dans la réforme un moyen d’adapter l’agriculture suisse à la lutte mondiale contre le changement climatique, qui exige une réduction de la consommation de viande et la réaffectation des terres pour produire davantage de légumes et moins d’aliments pour animaux.
Article sur le même sujet publié sur le site de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes le 22 septembre 2022 : La Suisse s’apprête à voter sur l’interdiction de l’élevage intensif