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Ethique-sociologie-philosophie

Point de vue : les critiques à l’égard de la viande bovine sont-elles fondées ?

By 30 septembre 2022novembre 22nd, 2022No Comments

Type de document : article publié dans Viandes et Produits carnés

Auteur : Pierre Feillet

Extrait : […] II. Les critiques envers la production et la consommation de viande […]

Porter atteinte aux droits des animaux
Bien après Descartes pour qui les animaux étaient des machines très perfectionnées, sans raison ni pensée, réagissant de manière automatique à tout stimulus externe et Malebranche, considérant qu’il n’y avait pas lieu de se préoccuper de la souffrance des animaux puisqu’une machine ne pouvait pas la ressentir, les relations entre les hommes et les animaux ont profondément évolué. A notre époque, leur nature fait l’objet d’un nombre considérable d’essais, de débats, de controverses parfois très animées qui s’organisent autour de questions qui concernent les éleveurs, les humains omnivores et tous ceux qui militent contre la maltraitance des animaux : les animaux sont-ils sensibles ? Ont-ils une conscience ? Sont-ils des êtres inférieurs aux êtres humains ? Ont-ils des droits qui seraient opposable à toutes formes d’élevage ? Ont-ils le droit de ne pas être mangés ? Dans l’impossibilité d’aborder ici l’ensemble de ces questions, nous nous limiterons à nous pencher sur l’une d’entre elles : les animaux ont-ils vraiment des droits ? 
N’est-il pas paradoxal de lier chez les humains les notions de droit et de devoir tout en revendiquant des droits pour les animaux sans leur reconnaitre de devoirs ? Ce que certains appellent les droits des animaux ne sont-ils pas en réalité les devoirs des humains vis-à-vis d’eux ? Plutôt que sur les droits des animaux, n’est-ce pas sur la responsabilité morale des hommes à l’égard des animaux sur laquelle il faut s’arrêter ? À cet égard, il est intéressant d’observer qu’à l’exception de son article 2, qui souligne que « tout animal appartenant à une espèce dont la sensibilité est reconnue par la science a le droit au respect de cette sensibilité », la déclaration des droits de l’animal de 2018 fait seulement état des devoirs des hommes vis-à-vis des animaux, notamment : assurer le bien-être des animaux, prohiber tout acte de cruauté ou de mise à mort sans justification.
Le législateur a reconnu la capacité des animaux à ressentir une émotion, une souffrance, un plaisir. Partant de ce constat, il a défini les conditions d’élevage, de transports et d’abattage qui respectent cette sensibilité. Toutes visent à permettre aux animaux d’exprimer leurs comportements naturels en termes de confort, de repos, d’interactions avec les congénères, de jeu et d’exploration afin de limiter leur stress et de demeurer en bonne santé, en bref à se soucier de leur bien-être que l’Anses définit comme « l’état mental et physique positif d’un animal lié à la satisfaction de ses besoins physiologiques et comportementaux, ainsi que de ses attentes ». Elles ne sont malheureusement pas toujours respectées et il est sain que des associations dénoncent les « malfaisants », même si certaines de leurs interventions peuvent être critiquées. 
Suivre ces règles améliore la productivité des élevages et la qualité des produits (viande, lait) en réduisant le stress des animaux. Se soucier de la sensibilité des animaux permet de respecter la demande des consommateurs pour des produits de bonne qualité. Les éleveurs l’ont bien compris.

Extrait du site de la revue Viandes et produits carnés