Type de document : article publié par Euractiv France
Auteurs : Julia Dahm. Traduction française : Anne-Sophie Gayet
Extrait : L’Allemagne va restreindre davantage le transport d’animaux vivants vers les pays tiers, mais sans une réglementation européenne, les mesures prises par le ministère allemand de l’Agriculture pourraient se révéler inefficaces.
Après avoir retiré les certificats vétérinaires pour l’exportation des bovins, ovins et caprins destinés à l’abattage et à l’engraissement à destination des États non-membres de l’UE au début de l’année, le ministre allemand de l’Agriculture, Cem Özdemir, a annoncé que l’Allemagne ferait de même pour l’élevage à partir de la mi-2023.
« Nous ne pouvons plus rester sans rien faire et regarder les animaux souffrir ou mourir en agonisant lors de longs voyages », a-t-il déclaré dans un communiqué vendredi dernier (28 octobre).
L’objectif est de « renforcer davantage le bien-être animal pendant le transport », a précisé le ministre.
Une interdiction allemande, ce n’est pas suffisant
Toutefois, comme les certificats ne sont pas uniquement délivrés par les gouvernements et qu’ils peuvent également faire l’objet d’un accord entre les exportateurs et le pays de destination ou le partenaire commercial, l’interdiction de l’Allemagne ne mettra pas complètement un terme aux exportations vers les pays tiers.
C’est pourquoi le ministre allemand espère que sa décision incitera les autres États membres de l’Union européenne à suivre son exemple.
« Aucun animal n’est aidé si les interdictions nationales sont contournées en emmenant d’abord les animaux dans un autre État membre pour les exporter ensuite vers des pays tiers », a reconnu M. Özdemir, ajoutant que la Commission européenne doit maintenant agir rapidement.
Son ministère a expliqué que l’interdiction des longs transports pour l’abattage est impossible pour un gouvernement national dans le cadre juridique national et européen.
Une solution européenne est nécessaire
Les défenseurs des droits des animaux considèrent également qu’une solution européenne est essentielle pour ne pas créer de lacunes ou de failles dans la pratique.
Ils ont néanmoins salué l’initiative de l’Allemagne. L’organisation FOUR PAWS, par exemple, a qualifié cette mesure de « signal fort en direction de l’Europe » et lga Kikou, directrice européenne de Compassion in World Farming, a félicité l’Allemagne pour avoir été « depuis un certain temps à la pointe des efforts politiques visant à protéger les animaux pendant le transport ».
Toutefois, selon FOUR PAWS, le ministère allemand n’a pas utilisé toutes les possibilités dont il dispose pour agir dans le cadre du droit européen, notant qu’il peut être légalement possible de restreindre le transport d’animaux vivants vers des pays tiers sur une base nationale si cela est fait « pour protéger la santé et la vie des humains, des animaux ou des plantes ».
Les mesures auront probablement très peu d’impact sur les animaux d’élevage au niveau allemand, car elles peuvent être facilement contournées via les règles du marché interne de l’UE, a ajouté Mme Kikou.
Ce n’est pas la première fois que Berlin fait avancer les questions de bien-être animal, d’abord au niveau national, puis en appelant l’ensemble de l’UE à suivre le mouvement.
Il y a quelques semaines à peine, le pays s’est joint à la France pour demander la fin de l’abattage des poussins mâles dans toute l’Union après une interdiction de cette pratique dans les deux pays au niveau national.