Type de document : tribune publiée dans Le Monde (article réservé aux abonnés)
Auteurs : Charlotte Arnal, Simon Coutel, Pauline Di Nicolantonio, Jean-Paul Peronnet, Elodie Vieille-Blanchard
Extrait : Dans une tribune au « Monde », huit associations appellent à la mise en place de « clauses miroir » et d’une limitation des importations d’animaux exploités dans les élevages qui se soucient le moins des normes sociales, écologiques et de celles portant sur la condition animale.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (en anglais European Food Safety Authority/EFSA) vient de publier deux avis scientifiques pour limiter la souffrance des poules pondeuses et des poulets de chair. Elle recommande notamment la fin de l’élevage en cage et des mutilations (coupe de bec et de crête), une baisse considérable de densité, un accès à l’extérieur, la fourniture de litière et une croissance moins rapide des poulets.
Les organisations de l’industrie aviaire ont immédiatement réagi contre cette position sans précédent en faveur des volatiles par crainte d’une perte de compétitivité internationale et d’une hausse des importations provenant de pays hors Union européenne.
Aujourd’hui, avec la concurrence internationale, les filières françaises se heurtent aux centrales d’achat qui maintiennent les prix au plus bas. Toute évolution améliorant le sort des animaux est souvent coûteuse pour les éleveurs, surtout en cas d’adaptation nécessaire des infrastructures, et aggrave la concurrence des produits étrangers. Une réforme risque alors d’avoir un effet pervers sur le territoire national : celui d’augmenter encore le nombre d’animaux exploités dans des élevages où les conditions de détention ont pour seul objectif l’augmentation des rendements.
Comment lutter, dès lors, contre cette concurrence ? En s’inspirant d’une autre mesure de l’Union européenne qui, le 13 décembre 2022, a adopté le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières. Il permettra de taxer d’ici quatre ans, dans les secteurs dégageant le plus de gaz à effet de serre (acier, ciment, engrais…), les importations de marchandises depuis des pays non européens aux normes moins strictes.
Une limitation similaire pourrait tout aussi bien porter sur les normes d’élevage afin de faciliter l’implémentation des recommandations de l’EFSA, qui entend bien améliorer le sort des animaux européens. Après un avis précédent sur les porcs et le transport des animaux, d’autres sortiront bientôt sur les veaux d’élevage, les vaches laitières, les canards, oies et cailles. Ils serviront de base à la Commission européenne qui élaborera une révision législative d’ici au deuxième semestre 2023. [fin de la partie disponible sans abonnement].