Type de document : article publié dans Feed & Additive Magazine
Auteurs : Jacopo Moccia, Lizzie Rowe
Extrait en français (traduction) : Élevage d’insectes : Le bien-être des insectes est important, l’UE doit le prendre au sérieux
L’élevage industriel d’insectes commence à prendre de l’ampleur en Europe. Il est présenté comme une forme d’agriculture « durable », les installations d’élevage d’insectes semblant avoir une empreinte environnementale plus faible que les autres systèmes d’élevage. Pourtant, derrière son image de source d’alimentation « durable » pour la société, l’élevage d’insectes consiste principalement à utiliser les insectes comme nourriture pour les animaux, et ce secteur en pleine croissance est principalement motivé par le besoin de nourrir d’autres animaux d’élevage dans des systèmes intensifs.
Son succès dépend donc d’une augmentation de la demande (et de la consommation) d’animaux, ce qui détourne l’attention de l’évolution nécessaire vers un régime alimentaire plus végétal, qui fait partie intégrante de la création de systèmes alimentaires plus durables. Ce dernier point est d’ailleurs un objectif de l’Union européenne (UE).
Une mauvaise réponse à une mauvaise question
Cependant, la distinction entre l’élevage d’insectes pour l’alimentation humaine ou animale n’est pas évidente. Les insectes d’élevage sont considérés comme durables parce qu’ils constituent des « protéines alternatives » qui pourraient réduire la consommation humaine d'(autres) produits animaux.
Le terme « alternative » est mal choisi, car contrairement aux levures, aux algues ou aux viandes cultivées, les insectes sont des animaux. Il ne s’agit pas d’une simple question de sémantique, une représentation erronée de la nature de l’élevage d’insectes conduit inévitablement à une mauvaise compréhension de l’industrie et de ses impacts sur le système alimentaire.
L’élevage d’insectes ne répond pas à la question de savoir comment rendre le système alimentaire plus durable, car il ne la pose pas.
Il est inquiétant de constater que les effets de ce secteur en pleine expansion et ses contradictions apparentes sont passés quasiment inaperçus aux yeux de l’Union européenne. Les principaux décideurs manquent cruellement de connaissances sur la manière dont l’élevage industriel d’insectes pourrait affecter le bien-être des animaux, le climat et nos systèmes alimentaires. Ce contexte est pourtant essentiel pour façonner le secteur au fur et à mesure de son développement, ainsi que les diverses législations relatives à l’alimentation, à l’agriculture et au bien-être des animaux avec lesquelles il est interconnecté.
Malheureusement, il n’y a pas de réflexion commune, systémique ou stratégique dans l’UE en ce qui concerne l’élevage d’insectes. […]Par conséquent, le bien-être des insectes dans ces systèmes d’élevage a été négligé dans les décisions prises jusqu’à présent dans le secteur, avec peu de reconnaissance de leurs besoins comportementaux ou même de leur sensibilité.
Extrait en anglais (original) : Industrial insect farming is starting to soar in Europe. It is touted as a ‘sustainable’ form of agriculture with insect facilities seeming to have a smaller environmental footprint than other livestock systems. Yet, behind its image as a “sustainable” food source for people, insect farming is mainly about insects being used as feed for animals, with the growing industry predominantly driven by a need to feed other farm animals in intensive systems.
Therefore, its success depends on an increased demand for (and consumption of) animals, shifting focus from the necessary move towards a more plant-based diet, that is an integral aspect of creating more sustainable food systems. The latter, moreover, is an objective of the European Union (EU).
The wrong answer to the wrong question
However, the distinction between farming insects for food or feed is not readily made. Farmed insects are claimed to be sustainable because they are “alternative proteins” that could reduce the human consumption of (other) animal products.
The term “alternative” is poorly chosen, unlike yeasts, algae or cultivated meats, insects are animals. This is not merely a semantic issue, misrepresenting the nature of insect farming leads, inevitably, to misunderstanding the industry and its impacts on the food system.
Insect farming does not answer the question of how to make the food system more sustainable, because it does not ask it. Insect farming is the wrong answer to the wrong question.
Worryingly, the effects of this expanding sector and its apparent contradictions have flown mostly under the EU’s radar. There are significant knowledge gaps among key decision-makers about how industrial insect farming could affect animal welfare, the climate and our food systems. This context is, however, critical in shaping the industry as it develops, as well as the various food, farming and animal welfare legislations it interconnects with.
Unfortunately, there is no joined-up, systemic nor strategic thinking in the EU regarding insect farming. […]As a result, the welfare of insects in these farming systems has been neglected in decisions made about the sector so far, with little acknowledgement of their behavioural needs or even their sentience.