Type de document : article scientifique publié dans Applied Animal Behaviour Science
Auteurs : Anna Flamand, Cheyenne Zellenka, Juliette Mos, Audrey Starczan, Aurélien Polak, Odile Petit
Résumé en français (traduction) : Voisins : Pourquoi chaque jeune cheval a besoin de bons amis. Une étude pilote pendant la période de débourrage
Dans des conditions naturelles, les chevaux (Equus caballus) sont des animaux sociaux qui vivent en groupes stables. Cependant, les chevaux sont souvent logés dans des stalles individuelles dès le début de leur dressage, également appelé débourrage. La stabulation individuelle induit un isolement social et un confinement, et est source d’événements particulièrement stressants pour le jeune cheval lors du processus de débourrage. Ces expériences peuvent entraîner des troubles du comportement dans les stalles individuelles et des comportements défensifs dangereux dans les interactions homme-cheval. Cette étude visait à évaluer l’impact du maintien des contacts sociaux sur le comportement des jeunes chevaux lors du débourrage. La comparaison a porté sur 12 jeunes chevaux, tous logés dans des stalles individuelles pendant un mois : six individus ont eu la possibilité d’interagir socialement par paires pendant deux heures par jour (ci-après dénommée « condition sociale ») dans une « boîte sociale », et six individus n’ont pas eu accès à un partenaire social (ci-après dénommée « condition isolée »). Nous avons recueilli des données sur diverses variables comportementales pendant les séances d’entraînement (tension corporelle, comportements conflictuels, coopération et position des oreilles utilisée comme indicateur de l’état émotionnel) et les activités dans les stalles individuelles. Nous avons constaté que les chevaux en condition sociale exprimaient moins de comportements anormaux (p≤0,001) et restaient plus souvent immobiles (p≤0,01) dans le box individuel par rapport aux chevaux en condition isolée. Au cours de l’entraînement, nous n’avons pas constaté de différence dans la position des oreilles (p=0,068) et la coopération (p=0,766) entre les deux groupes de chevaux. Cependant, les chevaux en condition sociale ont adopté une attitude plus détendue (p≤0,01) que ceux qui étaient isolés. Bien que davantage de comportements liés au stress comme la défécation (p≤0,001) et une attitude tendue aient été observés chez les chevaux isolés (p≤0,001), ces derniers ont moins réagi à l’inconfort lié à l’entraînement par un comportement d’enfoncement de la tête (p=0,026) et de changement de queue (p=0,033) que les chevaux de la Condition Sociale. Ces derniers resteraient capables de réagir pendant les séances. Nos résultats indiquent un possible impact bénéfique de ce contexte socialement enrichi sur la première expérience d’entraînement des chevaux de la condition sociale. Enfin, le dispositif que nous avons utilisé favorisera le bien-être des chevaux dans les centres équestres et s’inscrira dans l’évolution de la société en matière de respect de nos compagnons domestiques.
Résumé en anglais (original) : In natural conditions, horses (Equus caballus) are social animals that live in stable groups. However, horses are often housed in individual stalls from the moment they begin their initial training, also called breaking-in. Individual stabling induces social isolation and confinement, and is a source of particularly stressful events for the young horse alongside the breaking-in process. These experiences can lead to behavioural disorders in individual stalls and dangerous defensive behaviours in human-horse interactions. This study aimed to evaluate how the maintenance of social contacts impacts the behaviour of young horses during breaking-in. The comparison involved 12 young horses all housed in individual stalls for one month: six individuals had the opportunity to interact socially in pairs for two hours a day (hereafter called “Social Condition ») in a “social box », and six individuals had no access to a social partner (hereafter called “Isolated Condition »). We collected data for various behavioural variables during training sessions (body tension, conflict behaviours, cooperation and ear positions used as an indicator of the emotional state) and activities in the individual stalls. We found that horses in the Social Condition expressed fewer abnormal behaviours (p≤0.001) and stayed still more often (p≤0.01) in the individual stall compared to horses in the Isolated Condition. During training, we did not find any difference in ear positions (p=0.068) and cooperation (p=0.766) between the two groups of horses. However, horses in the Social Condition adopted a more relaxed attitude (p≤0.01) than those that were isolated. Although more stress-related behaviours like defecation (p≤0.001) and a tense attitude were observed in isolated horses (p≤0.001), these horses reacted less to the discomfort associated with training by head-tossing behaviour (p=0.026) and tail switching (p=0.033) than horses in the Social Condition. The latter would remain capable of reacting during the sessions. Our results indicate a possible beneficial impact of this socially enriched context on the first training experience of horses in the Social Condition. Finally, the device we used will promote the welfare of horses in equestrian facilities and will be in line with changes in society regarding respect for our domestic companions.