Type de document : article scientifique publié dans Ethology
Auteurs : Santiago Pintos, Tyrone Lucon-Xiccato, Luisa María Vera, Luis Conceição, Cristiano Bertolucci, Javier Sánchez-Vázquez, Paulo Rema
Résumé en français (traduction) : La présence de congénères joue un rôle crucial dans l’atténuation des réactions au stress chez les espèces sociales de téléostéens et peut améliorer le bien-être des poissons en captivité.
Alors que les études sur les effets de l’enrichissement social se sont généralement concentrées sur une seule espèce, des différences interspécifiques marquées peuvent exister. Ici, nous avons effectué une analyse de l’effet d’un enrichissement social de la réponse au stress chez deux des poissons d’élevage les plus répandus, le tilapia du Nil et la carpe koï. Les sujets ont été exposés à un test de réponse au stress comportemental (test en open-field) dans trois conditions simulant des niveaux croissants d’enrichissement social : isolement, paires ou bancs de cinq poissons. Nous avons obtenu cinq indicateurs de stress à partir du test : la thigmotaxie (préférence pour rester à proximité des bords et éviter les zones centrales ouvertes, ndlr), le freezing (immobilité totale, ndlr), l’activité, les mouvements erratiques et la distance interindividuelle dans les conditions où il y avait plus d’un poisson. Chez les deux espèces, les mouvements erratiques ont significativement diminué avec l’augmentation des niveaux d’enrichissement social, suggérant un effet social similaire. Cependant, d’autres indicateurs ont révélé des différences entre les espèces. La carpe koï, mais pas le tilapia du Nil, a montré une réduction de la thigmotaxie lors d’un enrichissement social, tandis que le tilapia du Nil, mais pas la carpe koï, a montré une réduction du comportement de freezing. En outre, l’enrichissement social a eu des effets opposés sur l’activité des deux espèces : Les tilapias du Nil étaient plus actifs lorsque la taille du groupe augmentait, alors que la tendance inverse a été observée chez les carpes koï. Enfin, le tilapia du Nil a montré une augmentation de la distance interindividuelle avec l’augmentation de la taille du groupe social, alors qu’aucun changement n’a été observé chez la carpe koï. Notre étude indique que les effets de l’enrichissement social sur la réponse au stress comportemental ne se recoupent pas complètement entre les différentes espèces de poissons, ce qui souligne l’importance de développer des enrichissements et des indicateurs de bien-être spécifiques à chaque espèce.
Résumé en anglais (original) : While studies on social buffering effects have typically focussed on single species, marked interspecific differences can exist. Here, we conducted an analysis of social buffering of stress response in two of the most extensively farmed fish, the Nile tilapia and the koi carp. Subjects were exposed to a behavioural stress response assay (open-field test) in three conditions simulating increasing levels of social enrichment: isolation, pairs, or shoals of five fish. We obtained five stress indicators from the assay: thigmotaxis (preference for staying in close proximity to the edge/side and avoiding the central open areas, editor’s note), freezing (total motionless, editor’s note), activity, erratic movements and interindividual distance in conditions with more than one fish. In both species, erratic movements significantly decreased with increasing levels of social enrichment, suggesting a similar social buffering effect. However, other indicators revealed species differences. Koi carp, but not Nile tilapia, showed a socially-mediated reduction in thigmotaxis, whereas Nile tilapia, but not Koi carp, showed a socially-mediated reduction in freezing behaviour. Furthermore, social enrichment determined opposite effects on the activity of the two species: Nile tilapia were more active as group size increased, whereas the opposite trend was found in koi carp. Finally, Nile tilapia showed increased interindividual distance with increasing social group size, whereas no changes were observed for koi carp. Our study indicates that the buffering effects of social enrichment on the behavioural stress response do not completely overlap between different fish species, highlighting the importance of developing finely-tuned species-specific enrichments and welfare indicators.