Type de document : article scientifique publié dans Applied Animal Behaviour Science
Auteurs : Delphine Soulet, Anissa Jahoui, Rodrigo Guabiraba, Léa Lansade, Marie-Claire Blache, Benoît Piégu, Gaëlle Lefort, Vanaique Guillory, Pascale Quéré, Karine Germain, Frédéric Lévy, Scott A. Love, Aline Bertin, Cécile Arnould
Résumé en français (traduction) : Exploration de la rougeur de la peau et de l’immunoglobuline A comme marqueurs de l’état affectif des poules
Les marqueurs non invasifs des états affectifs peuvent aider à comprendre la perception des situations par les animaux et à améliorer leur bien-être. Ces marqueurs sont rares chez les espèces aviaires. Dans cette étude, nous étudions la relation potentielle entre les altérations de la rougeur de la peau du visage chez les poules et les états affectifs correspondants. Six poules ont été filmées à la fois dans des scénarios se déroulant naturellement et dans des tests contrôlés conçus pour susciter différents états affectifs. La rougeur de la peau du visage a été mesurée à partir d’images extraites des vidéos. Nos observations ont révélé que les poules présentaient le degré le plus élevé de rougeur de la peau du visage dans les situations négatives de forte intensité, une rougeur élevée dans les situations positives de forte intensité, et la plus faible dans les situations positives de faible intensité. Dans une deuxième étude, nous avons examiné si la rougeur de la peau du visage et l’immunoglobuline A sécrétoire (S-IgA) pouvaient servir de marqueurs de la qualité de la relation humain-animal. Deux groupes de poules, l’un habitué à l’homme (n=13) et l’autre non habitué (n=12), ont été comparés pour la peur générale dans un test en champ libre et pour la peur de l’homme dans un test de réactivité à l’homme. Dans le test en open-field, il n’y avait pas de différences statistiques entre les deux groupes en ce qui concerne la peur générale, la rougeur de la peau du visage ou les concentrations de S-IgA. Cependant, les poules habituées ont montré une peur et une rougeur de la peau du visage significativement plus faibles en présence d’humains que les poules non habituées dans le test de réactivité à l’homme. En outre, les poules habituées ont montré une concentration en S-IgA significativement plus faible dans le liquide lacrymal en présence d’humains, sans différence significative dans les échantillons de salive ou de cloaque. Nous proposons que les changements dans la rougeur de la peau du visage reflètent les variations des états affectifs et puissent être utilisés comme marqueur pour évaluer la qualité de la relation entre l’homme et la poule. La relation entre les concentrations de S-IgA et les états affectifs doit faire l’objet d’une étude plus approfondie.
Résumé en anglais (original) : Non-invasive markers of affective states can help understanding animals’ perception of situations and improving their welfare. These markers are scarce in avian species. In this study, we investigate the potential relation between alterations in facial skin redness in hens and their corresponding affective states. Six hens were filmed in both naturally unfolding scenarios and controlled tests designed to elicit various affective states. The facial skin redness was measured from images extracted from the videos. Our observations revealed that hens exhibited the highest degree of facial skin redness in negative situations of high arousal, a high redness in positive situations of high arousal, and the lowest in positive situations of low arousal. In a second study, we further examined whether facial skin redness and secretory immunoglobulin A (S-IgA) can serve as markers for the quality of the human-animal relationship. Two groups of hens, one habituated to humans (n=13) and one non-habituated (n=12), were compared for general fearfulness in an open field test and for fear of humans in a reactivity to human test. In the open-field test, there were no statistical differences in general fearfulness, facial skin redness or S-IgA concentrations between both groups. However, habituated hens exhibited significantly lower fearfulness and facial skin redness in the presence of humans compared to non-habituated hens in the reactivity to human test. Additionally, habituated hens showed significant lower S-IgA concentration in lachrymal fluid in the presence of humans, with no significant differences in saliva or cloacal samples. We propose that changes in facial skin redness reflect variations in affective states and can be used as a marker for assessing the quality of the human-hen relationship. The relationship between S-IgA concentrations and affective states requires further investigation.