Type de document : article publié dans The Fish Site
Auteurs : Jonah van Beijnen, Kyra Hoevenaars
Extrait en français (traduction) : Réexamen des principes de bien-être dans l’aquaculture
Les avis divergent fortement sur ce qu’implique précisément le bien-être en aquaculture. Même les principes de base, tels que la question de savoir si les poissons sont des êtres sensibles capables de ressentir la douleur, font l’objet de débats. Cela a limité les progrès, tant en termes de législation qu’en termes d’intégration des évaluations et des programmes de bien-être dans l’ensemble du secteur. Les acheteurs de produits de la mer et les consommateurs exigent plus de transparence sur les produits qu’ils achètent ; une approche plus proactive est donc nécessaire. Nous nous sommes entretenus avec deux experts qui participent activement à l’élaboration de principes solides en matière de bien-être dans l’aquaculture : Maria Filipa Castanheira, coordinatrice des normes au sein de l’Aquaculture Stewardship Council (ASC), et Heather Browning, chargée de cours sur le bien-être animal à l’université de Southampton. Le Dr Browning tente d’impliquer le secteur de l’aquaculture en publiant des prises de position sur le bien-être des animaux. En février 2023, elle a publié un essai important dans Frontiers in Veterinary Science intitulé Improving welfare assessment in aquaculture (Améliorer l’évaluation du bien-être en aquaculture). « L’évaluation du bien-être des animaux dans les systèmes d’aquaculture fait encore l’objet de relativement peu d’attention. Pourtant, le secteur étant en pleine expansion, il est essentiel que les questions de bien-être animal soient au cœur du développement et de la mise en œuvre de l’aquaculture », explique-t-elle. « Si l’évaluation du bien-être n’est pas une priorité dès le départ, il sera beaucoup plus difficile de s’adapter à l’avenir », ajoute-t-elle.
Définir le bien-être (…)
Un secteur très diversifié
Une fois la définition du bien-être convenue, il convient d’établir un ensemble d’indicateurs de bien-être et de déterminer comment mesurer ces indicateurs de manière objective. Il s’agit là d’un défi, car l’aquaculture englobe un large éventail de genres et d’espèces. (…) En même temps, l’aquaculture implique une variété de systèmes de production, allant des cages en mer et des étangs en terre aux systèmes terrestres de recirculation en intérieur. Si la plupart des poissons-chats se sentent à l’aise dans un étang boueux, ce n’est pas le cas du mérou corallien, qui vit généralement autour des récifs. Les éleveurs eux-mêmes constituent un groupe très diversifié, disposant d’un large éventail de ressources. Dès lors, comment développer une approche uniforme du bien-être dans un secteur aussi varié ?
Outils d’évaluation du bien-être
Le Dr Browning explique que toute évaluation solide du bien-être doit tenir compte de l’exhaustivité, de la validité, de la faisabilité et de la fixation de seuils raisonnables de bien-être acceptable. Mais par où commencer en tant que secteur ? (…) « Parmi les paramètres de notation morphologique, on peut citer l’évaluation des lésions oculaires ou cutanées, les déformations et les changements de coloration. L’évaluation du comportement et de la mortalité dépend du type d’espèce. Si des tendances à la baisse sont observées, les éleveurs doivent étudier la situation, évaluer leur densité d’élevage et la modifier en conséquence », explique le Dr Castanheira. Pour sa part, le Dr Browning qualifie la plupart de ces indicateurs d’indicateurs partiels. (…) Elle recommande finalement d’utiliser des mesures portant sur l’ensemble de l’animal, car « elles utilisent une seule mesure pour représenter l’état complet du bien-être de l’animal. Cela présente l’avantage évident d’être une mesure complète du bien-être, incluant tous les états externes et internes qui ont un impact sur le bien-être de l’animal. L’analyse comportementale qualitative (ACQ), le biais cognitif, la latéralité et la muqueuse cutanée sont des exemples d’indicateurs du bien-être de l’animal entier qui peuvent s’appliquer aux poissons. Ces mesures portant sur l’ensemble de l’animal peuvent être plus difficiles à mesurer et, dans la plupart des cas, nécessitent une formation plus poussée. (…)
Extrait en anglais (original) : Opinions vary strongly on precisely what proper welfare in aquaculture entails. Even basic principles, such as whether fish are sentient beings that can feel pain, are debated. This has limited progress, both in terms of legislation and in terms of incorporating welfare assessments and programmes across the sector. With seafood buyers and consumers demanding more transparency in terms of the products they buy; a more proactive approach is needed. We spoke with two experts that are taking an active stance in developing solid welfare principles in aquaculture: Dr Maria Filipa Castanheira, standards coordinator at the Aquaculture Stewardship Council (ASC), and Dr Heather Browning, lecturer on animal welfare at the University of Southampton. Dr Browning tries to engage the aquaculture sector by publishing position papers on animal welfare. In February 2023 she published an important essay in Frontiers in Veterinary Science titled Improving welfare assessment in aquaculture. “There remains relatively little attention given to the assessment of animal welfare within aquaculture systems. However, as the sector is growing and expanding quickly, it is crucial that animal welfare concerns are central in the development and implementation of aquaculture, » she argues. “If welfare assessments are not prioritised early on, it becomes much more difficult to adapt in future, » she adds.
Defining welfare (…)
A highly diverse sector
Once the definition of welfare has been agreed upon, a set of indicators for welfare needs to be set and it needs to be determined how to measure these indicators objectively. This is a challenge because aquaculture encompasses a wide range of genera and species. (…) Simultaneously aquaculture involves a variety of production systems, ranging from offshore cages and earthen ponds to land-based indoor recirculating systems. While most catfish would feel at home in a muddy pond, a coral grouper – which typically lives around reefs – would not. The farmers themselves are also a very diverse group, with a wide range of resources at their disposal. So how to develop a uniform approach to welfare in such a varied sector?
Welfare assessment tools
Dr Browning explains that any strong welfare assessment should consider completeness, validity, feasibility, and setting of reasonable thresholds for acceptable welfare. But where to start as a sector? (…) “Examples of morphological scoring parameters include assessing eye or skin damage, deformities, and changes in colouration. Behavioural scoring and mortality are dependent on the type of species. If downward trends are observed, farmers must investigate the situation and assess their farming density and modify accordingly, » says Dr Castanheira. Meanwhile, Dr Browning refers to most of such indicators as partial indicators. (…) She ultimately recommends using whole-animal measures, as “these use a single measure to represent the entire state of welfare for the animal. This has the obvious benefit of being a complete welfare measure, inclusive of all the external and internal states that are impacting an animal’s welfare. Examples of whole-animal indicators of welfare that may work for fish include qualitative behavioural analysis (QBA), cognitive bias, laterality, and skin mucosa ». These whole-animal measures can be harder to measure, and in most cases do require more training. (…)