Type de document : Réponse à la question n°495 publiée au Journal officiel de la République française
Auteurs : question : Mme Maud Petit (Les Démocrates – Val-de-Marne (4e circonscription)). Réponse : Ministère de l’Agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt.
Question : Mme Maud Petit alerte M. le ministre auprès du Premier ministre, chargé des outre-mer, sur la maltraitance animale dans les Drom-Com. Si les territoires d’outre-mer constituent un paradis pour beaucoup de touristes, ils ressemblent souvent à un enfer pour les animaux. Alertée par une association et ayant pu l’observer lorsqu’elle y a vécu enfant, Mme la députée a le sentiment que la condition animale est, encore des jours, sérieusement mise à mal en outre-mer. Abandon, maltraitance, violence, torture : il ne fait pas bon être un chat ou un chien dans certains de ces départements et collectivités. De nombreux animaux, parfois affamés ou malades, errent dans les rues et les campagnes de ces territoires. Et lorsqu’ils sont capturés par la fourrière, ils sont, selon l’association les Amis de Sam, euthanasiés dans 95 % des cas, parfois dans des conditions inacceptables. Euthanasier n’est pas une solution car cela ne résout en rien les problèmes d’abandon et de prolifération, à la différence de la stérilisation. Mme la députée interroge donc M. le ministre sur les mesures qu’il envisage de prendre pour remédier à cette situation. Elle le questionne sur la possibilité de lancer une vaste campagne de stérilisation dans ces territoires qui s’avèrerait beaucoup moins cruelle. Elle l’alerte également sur la nécessité de créer des refuges sur place afin de pouvoir prendre en charge ces animaux errants, abandonnés et maltraités. Elle lui demande enfin dans quelle mesure il serait possible de mettre en place un fonds financier pour venir en aide aux associations qui font un travail remarquable sur place mais qui sont souvent démunies devant l’ampleur de leur tâche.
Réponse : Le Gouvernement est depuis plusieurs années engagé en faveur du bien-être animal, en réponse à une attente sociétale forte et légitime et condamne toute action de maltraitance à l’égard des animaux, que ce soit en élevage, dans les établissements d’abattage ou à l’égard des animaux domestiques. À ce titre, depuis 2020 et grâce au plan France Relance, plus de 36 millions d’euros ont été accordés au bénéfice des associations de protection animale et de la médecine vétérinaire solidaire. De même, depuis l’adoption de la loi de lutte contre la maltraitance animale le 30 novembre 2021, quatre décrets d’application et six arrêtés ministériels ont été publiés, afin de permettre le renforcement de la formation des personnels au contact des animaux de compagnie, l’information des nouveaux acquéreurs, le contrôle de l’identification des animaux sur les offres en ligne, ainsi que le renforcement des sanctions contre les actes de maltraitance. Afin de prolonger la dynamique positive engagée par le Gouvernement, un plan dédié au bien-être des animaux de compagnie a été annoncé, le 22 mai 2024. Son comité de suivi national, présidé par la ministre chargée de l’agriculture, associe quatre ministères, les professionnels du secteur et les acteurs de la société civile, afin de veiller à la bonne coordination de ses actions. Pour l’État, l’objectif est d’accompagner et de valoriser pleinement les actions, actuelles et futures, autour de trois enjeux : la prévention et la lutte contre les abandons d’animaux de compagnie, l’amélioration de la gestion de l’errance canine et féline, ainsi que la prévention et la lutte contre la maltraitance des animaux de compagnie. Pour ce faire, il est articulé autour de mesures concrètes contribuant à cinq grands axes : comprendre la situation et identifier les leviers d’action, informer, interroger et former, faciliter les synergies entre les acteurs impliqués dans la protection animale, rendre la réglementation plus protectrice et renouveler les mécanismes de financement. Le premier axe de ce plan consiste à mieux caractériser et objectiver les situations d’abandon, d’errance et de maltraitance et d’aboutir à l’élaboration de statistiques fiables et précises.
À cet égard, la mobilisation de l’expertise de l’observatoire de protection des carnivores domestiques et la centralisation sur une plateforme unique des données relatives aux situations susmentionnées permettront une prise de décision éclairée des pouvoirs publics. Par ailleurs, le ministère chargé de l’agriculture veillera à faciliter l’appropriation des nouvelles obligations réglementaires à l’égard des professionnels et des particuliers, dans le cadre notamment d’un parcours d’acquisition responsable, ainsi que par le renouvellement des campagnes de communications ayant trait à la lutte contre les abandons et les maltraitances, sur la stérilisation et l’identification des animaux, et l’accès aux soins pour les personnes démunies. De plus, le ministère s’attachera à intégrer ces préoccupations au sein des formations professionnelles relatives aux animaux. La mise en œuvre efficace de ces mesures nécessite en outre de faciliter les synergies entre les différents acteurs impliqués dans la protection animale, par l’instauration notamment d’une gouvernance interministérielle précisant le rôle de chacun. Dans ce cadre, le ministère chargé de l’agriculture pilote les politiques publiques relatives à la protection des animaux domestiques, les ministères chargés de la transition écologique et de la cohésion des territoires assurent celles relatives aux animaux sauvages, les ministères de l’intérieur et des outre-mer assurent la répression de la maltraitance et des trafics d’animaux et accompagnent les autres ministères dans l’application des procédures judiciaires, sous le contrôle du ministère de la justice. Dans ce cadre, une formation interministérielle sur la lutte contre la maltraitance animale a été développée à destination de l’ensemble des agents concernés, dont les forces de l’ordre, et sera mise en ligne à l’automne 2024. De plus, la plateforme « Ma sécurité », pilotée par le ministère de l’intérieur sera consolidée, afin d’être l’outil privilégié et centralisé des signalements de maltraitance adressés aux services de l’État. De même, une réflexion sera engagée avec les associations de protection animales, afin d’identifier les leviers permettant de professionnaliser les associations locales, en matière de formation aux bonnes pratiques et dispositions réglementaires. Enfin, le ministère chargé de l’agriculture renforcera ses actions de sensibilisation des maires sur la lutte contre l’errance et la gestion des fourrières. Il s’agira également de rendre la réglementation actuelle plus protectrice, en évaluant d’une part l’application de la loi maltraitance animale de 2021 et en actualisant d’autre part l’arrêté du 3 avril 2014 encadrant les activités liées aux animaux de compagnie. De plus, une évolution de la législation européenne est en cours, sous l’impulsion de l’État français, avec la proposition de la Commission européenne, le 7 décembre 2023, relative au bien-être et à la traçabilité des chiens et des chats mis sur le marché européen. Le Gouvernement entend aller plus loin et porte au niveau européen des mesures fortes, telles que l’interdiction de l’usage des colliers électriques, de la caudectomie ou bien de l’usage prolongé de la muselière dans les lieux de détention des animaux. Enfin, l’État sera au rendez-vous afin de renouveler les mécanismes de financement mis en œuvre dans le cadre des précédentes lois de finances, en matière notamment de stérilisation des animaux errants et d’aides aux collectivités territoriales dans ce but, par la création d’un fonds de concours intitulé « France protection animale », destiné à recueillir les éventuels dons émanant d’entreprises. Ainsi, le Gouvernement est déterminé à renforcer les actions menées en matière de protection animale et demeurera attentif aux signalements de situations d’errance, d’abandon et de maltraitance. Ces dernières pourront faire l’objet de poursuites, en métropole et dans les territoires ultramarins.