Titre complet : Avis du CNR BEA sur les implications de l’avis EFSA au sujet du bien-être des porcs pour les élevages en France
Commanditaire : Direction Générale de l’Alimentation (DGAL) – Bureau du Bien-être animal (BBEA)
Date de saisine : 15/03/2023
Date de rendu : 25/04/2024
Contexte de la saisine
Dans le cadre de la nouvelle stratégie « de la ferme à la table » de l’Union Européenne en faveur de pratiques agricoles plus durables, la Commission européenne entreprend une révision complète de la réglementation en matière de bien-être animal (BEA). Pour mener à bien cette révision, la Commission a mandaté l’European Food Safety Authority (EFSA, l’autorité européenne de référence en matière d’évaluation de risque dans le domaine de l’alimentation) pour l’informer des dernières avancées et connaissances scientifiques en matière de BEA. Les avis rendus par l’EFSA constituent les fondements scientifiques sur lesquels la Commission s’appuiera dans le cadre de la révision de la réglementation. Les avis rendus par l’EFSA se déclinent en plusieurs volets : 1) le bien-être des animaux lors de l’abattage, 2) le bien-être des animaux pendant le transport, et 3) le bien-être des animaux en élevage. En anticipation des négociations européennes concernant la réécriture de la réglementation, le BBEA de la DGAL a saisi le CNR BEA pour étudier, en priorité, les avis rendus par l’EFSA au sujet du bien-être des animaux en élevage pour en faire ressortir les pratiques d’élevage les plus à risque de nuire au bien-être des animaux au niveau français, spécifiquement. Le présent rapport traite, en particulier, du bien-être des porcs en élevage, et distingue plusieurs catégories animales : les cochettes et les truies en zone de verraterie, les cochettes et les truies en zone de gestation, les cochettes et les truies péri-partum et allaitantes, les porcelets non sevrés, les porcelets sevrés, les porcs à l’engraissement et les verrats.
Principales conclusions du CNR BEA
En France, les cochettes et les truies en zone de verraterie sont majoritairement élevées en cage individuelle. Selon l’EFSA, ces conditions d’élevage compromettent le bien-être des individus en limitant leur possibilité de mouvement, en les empêchant de se reposer confortablement, en restreignant l’expression de leurs comportements d’investigation, en entraînant une faim prolongée, et en les exposant à un stress social. L’arrêt de la contention, une meilleure gestion de la satiété des truies et le maintien d’un sol en bon état sont les axes prioritaires à suivre pour améliorer le bien-être des cochettes et des truies en zone de verraterie dans les élevages français.
En France, les cochettes et les truies en zone de gestation sont majoritairement élevées en groupes en bâtiment sans accès à l’extérieur. Selon l’EFSA, ces conditions d’élevage compromettent le bien-être des individus en restreignant l’expression de leurs comportements d’investigation, en entraînant une faim prolongée, des lésions corporelles et des troubles locomoteurs, et en les exposant à un stress social. L’attribution d’enclos aux surfaces suffisantes pour permettre aux individus d’élaborer des aires fonctionnelles séparées, la mise en place de barrières de protection au sein des enclos et une meilleure gestion de la satiété des individus sont les axes prioritaires à suivre pour améliorer le bien-être des cochettes et des truies en zone de gestation dans les élevages français.
En France, les cochettes et les truies péri-partum et allaitantes sont majoritairement élevées en cage individuelle. Selon l’EFSA, ces conditions d’élevage compromettent le bien-être des individus en limitant leur possibilité de mouvement, en les empêchant de se reposer confortablement, en restreignant l’expression de leurs comportements maternels et d’investigation, en engendrant des lésions corporelles, et en les exposant à un stress social et thermique. Le passage à des systèmes de mise-bas en liberté et la provision de matériaux de nidification appropriés et en quantité suffisante sont les axes prioritaires à suivre pour améliorer le bien-être des cochettes et des truies péri-partum et allaitantes dans les élevages français.
En France, les porcelets non sevrés sont majoritairement élevés en case de maternité (avec cage pour la truie). Selon l’EFSA, ces conditions d’élevage compromettent le bien-être des individus en restreignant l’expression de leurs comportements d’investigation, en engendrant des lésions corporelles, en entraînant une faim et une soif prolongées, et en les exposant à un stress social. En partant du postulat que les porcelets non sevrés doivent à l’avenir être élevés dans des systèmes de maternité libre, les axes prioritaires à suivre pour améliorer leur bien-être dans les élevages français sont la mise en place de mesures limitant le risque d’écrasement et le sevrage à 28 jours d’âge.
En France, les porcelets sevrés sont majoritairement élevés en groupes en bâtiment sans accès à l’extérieur. Selon l’EFSA, ces conditions d’élevage compromettent le bien-être des individus en restreignant l’expression de leurs comportements d’investigation, en engendrant des lésions corporelles et des troubles digestifs, et en les exposant à un stress social. L’utilisation de systèmes de chauffage et de ventilation adaptés, l’adoption de bonnes pratiques de mélanges d’animaux et une meilleure valorisation de l’espace (agrandissement des enclos et approvisionnement en matériaux d’enrichissement en quantité et qualité adaptées) sont les axes prioritaires à suivre pour améliorer le bien-être des porcelets sevrés dans les élevages français.
En France, les porcs à l’engraissement sont majoritairement élevés en groupes en bâtiment sans accès à l’extérieur. Selon l’EFSA, ces conditions d’élevage compromettent le bien-être des individus en limitant leur possibilité de mouvement, en les empêchant de se reposer confortablement, en restreignant l’expression de leurs comportements d’investigation, en engendrant des lésions corporelles ainsi que des troubles locomoteurs et respiratoires, et en les exposant à un stress social. Une meilleure prévention des troubles sanitaires en évitant les mélanges d’individus non familiers, en maintenant un sol propre et en surveillant les signes d’apparition de maladies ainsi qu’une meilleure valorisation de l’espace sont les axes prioritaires à suivre pour améliorer le bien-être des porcs à l’engraissement dans les élevages français.
En France, les verrats en élevage sont majoritairement élevés en case individuelle en bâtiment sans accès à l’extérieur. Selon l’EFSA, ces conditions d’élevage compromettent le bien-être des individus en limitant leur possibilité de mouvement, en restreignant l’expression de leurs comportements d’investigation, en engendrant des lésions corporelles ainsi que des troubles locomoteurs, en entraînant une faim prolongée, et en les exposant à un stress lié à l’isolement. L’élevage des verrats de façon non totalement isolée du reste de ses congénères, le respect du calendrier vaccinal et une meilleure valorisation de l’espace sont les axes prioritaires à suivre pour améliorer le bien-être des verrats dans les élevages français.
Infographies sur les axes d’amélioration prioritaires pour la France
Infographies illustrant les recommandations de l’EFSA
